Monténégro : les surprenantes révélations de l’ancien ambassadeur William Montgomery

Le diplomate William Montgomery, ambassadeur des États-Unis en Croatie de 1998 à 2000, puis à Belgrade de 2002 à 2004, a récemment accordé un entretien au journal croate Večernji, propos publiés le 18 juillet dernier. Ce fut l’occasion pour l'ancien représentant diplomatique, gardien de nombreux secrets, d’apporter de nouveaux éléments d'information sur la fin du mandat de Slobodan Milošević et le soutien apporté par les États-Unis à Milo Đukanović, président du Monténégro de 1998 à octobre 2010, c’est-à-dire jusqu’à la chute du régime de S. Milošević.

Alors que M. Đukanović s'était éloigné du chef de l'État serbe, après avoir pris conscience que ce dernier était dans l'impasse, il a choisi de se rapprocher de Washington, qui lui a immédiatement offert sa protection. Cette offre n’était pas qu’une simple promesse. En effet, au cours des derniers mois où S. Milošević était au pouvoir et susceptible de s'en prendre à M. Đukanović, Washington avait missionné une équipe spéciale de la CIA. Ces hommes avaient embarqué sur un navire qui fut ensuite basé dans le port croate de Cavtat (à proximité de Dubrovnik), se tenant prêt le cas échéant à exfiltrer en urgence le président monténégrin. L'équipe avait prévu de rejoindre le Monténégro à l'aide d'un hors-bord qui devait ensuite lui servir à transporter la personnalité en lieu sûr. De plus, les autorités américaines ont également fermé les yeux sur le financement de la gouvernance monténégrine lorsque M. Đukanović s'est détourné de S. Milošević : il était difficile d’obtenir des fonds et c’est une contrebande massive de tabac qui a renfloué le Monténégro.

Lorsque les autorités italiennes et britanniques ont commencé à s’intéresser au crime organisé qui s’était développé dans la région en lien avec cette contrebande, M. Đukanović a cherché un premier temps le soutien de Moscou, avant de s’éloigner de la Russie pour rejoindre l’Alliance atlantique. Pour W. Montgomery, ces revirements sont la preuve des qualités d’adaptation de cet ancien chef d’État, qu’il a décrit comme « l'homme politique le plus compétent et le plus agile de la région. Il regardait de quelle direction soufflait le vent et s'adaptait ».

Sources : Kurir, Nova, Nez.