Depuis quelques mois, des députés du parti politique ukrainien Holos (la Voix) contestent ses orientations politiques et, plus particulièrement, la direction assurée par Kira Roudyk. Celle-ci a pourtant été confirmée à son poste le 29 juillet 2021, lors du congrès du parti. Mais, aussitôt après, elle a annoncé le renvoi de 7 des députés frondeurs. Parmi eux, l’animateur Serhiï Prytoula, candidat à la mairie de Kyïv à l'automne dernier. Celui-ci avait de fait déjà annoncé son départ imminent un mois plus tôt. Le 16 juin, 10 députés avaient d’ailleurs fondé une nouvelle union à la Rada, le Parlement ukrainien, baptisée Spravedlyvist (Justice). Il s’agissait pour eux d’exprimer leur mécontentement par rapport à la gestion de K. Roudyk, accusée d'usurper son pouvoir. Plusieurs responsables régionaux ont également demandé le départ de la direction.
Certains n’ont pas supporté le fait que cinq députés de Holos – dont K. Roudyk – aient voté en juin aux côtés du parti présidentiel Slouha Narodou le report de l'introduction de quotas linguistiques dans le cinéma. Ils y ont vu un soutien à la « russification » du pays. Cet événement a accéléré la scission au sein du parti.
K. Roudyk dirige Holos depuis le départ de son fondateur, le chanteur Svyatoslav Vakartchouk, qui s'est retiré de la vie politique ukrainienne. D'inspiration libérale, nationale-démocratique et pro-européenne, Holos a été fondé en mai 2019 en vue des élections législatives de juillet 2019. Ayant réussi à récupérer une partie de l'électorat de l'ancien président Petro Porochenko, 20 députés ont alors été élus, grâce aux voix d’électeurs principalement situés à l'ouest du pays.
Pour le politologue ukrainien Volodymyr Fessenko, la division quasi-structurelle des forces politiques locales est très préjudiciable à leur fonctionnement et explique les échecs d’autres partis libéraux comme Samopomitch ou Syla Lioudeï. Le chercheur invite d’ailleurs ces forces à s’unir. L'organisation centralisée des partis politiques ukrainiens, généralement liée au charisme de leur leader, lui semble particulièrement critiquable.
Conséquence de ces remous, les derniers sondages montrent qu'en cas de nouvelles élections législatives, Holos ne dépasserait pas la barre des 5 % lui permettant de disposer d'une représentation parlementaire.
Sources : Novoe Vremya, Gazeta.ua.