Confronté à une pénurie de gaz et contraint d’augmenter ses importations tout en interdisant ses exportations de gaz naturel liquéfié, l’Ouzbékistan n’entend pas pour autant entrer dans une alliance gazière avec la Russie. C’est ce que vient d’expliquer le ministre ouzbek de l’Énergie Jourabek Mirzamakhmoudov, qui a décliné l’offre de Moscou en vue de créer une alliance gazière trilatérale avec la Russie et le Kazakhstan et a dit lui préférer des contrats commerciaux plus classiques.
Le président russe Vladimir Poutine venait d’expliquer, dans le cadre du sommet de l’Union économique eurasiatique (UEEA, l’Ouzbékistan n’en est qu’observateur) qui s’est tenue à Bichkek le 9 décembre, que les besoins en gaz des deux pays centrasiatiques croissant et leurs obligations en matière d’exportations restant élevées, une alliance avec la Russie serait constructive.
Le Président russe, tout en se réjouissant de la croissance économique des deux pays voisins et de la bonne gestion de leurs élites, a noté que des ajustements seraient nécessaires pour faire face à la hausse de la demande. Par exemple, le nord du Kazakhstan reçoit aux prix intérieurs russes du gaz issu du gisement kazakh de Karachaganak mais traité en Russie, à Orenbourg. Quant à l’Ouzbékistan, il utilise le réseau de gazoducs installé durant la période soviétique, qui doit être remis en état. Il est donc nécessaire, selon V. Poutine, de « remettre les pendules à l’heure » : il s’agirait d’installer un système de transport distinct de gaz reliant la Russie à l’Ouzbékistan via le Kazakhstan, et pouvant même s’étendre jusqu’à la Chine. Le Président russe estime que plus de 4 milliards de dollars seront nécessaires. Pour cela, il propose une alliance énergétique, cohérente avec son projet de créer un marché unique du gaz au sein de l’UEEA.
Face au refus de Tachkent, le porte-parole de la présidence russe Dmitri Peskov a précisé que la proposition de Moscou n’impliquait pas de conditions politiques : « Nous parlons de la coordination d’intérêts commerciaux », a-t-il déclaré. Le ministre ouzbek de l’Énergie, lui, a précisé dans une interview qu’il était hors de question de mettre en jeu les intérêts nationaux : « S’ils acheminent du gaz à notre frontière et le proposent à un prix raisonnable, nous l’achèterons ; sinon nous nous en passerons et nous prendrons d’autres mesures. » J. Mirzamakhmoudov a rappelé que l’Ouzbékistan n’avait des problèmes d’approvisionnement que durant la période hivernale et qu’il était dès lors possible de résoudre la question de la demande par des investissements supplémentaires, des économies d’énergie et le passage à des énergies alternatives.
Le Kazakhstan, lui, a annoncé qu’il allait étudier la proposition de Moscou.
Sources : Gazeta.uz, Kun.uz, Kursiv.kz, RFE/RL.