Bulgarie : l’émigration vers l’Allemagne, à la fois massive et diversifiée

L’installation en Allemagne de migrants en provenance de Bulgarie a considérablement évolué au cours des 70 dernières années. Durant la période socialiste, il s’agissait principalement de réfugiés politiques, peu nombreux. D’autres mobilités, celles d’étudiants s’inscrivant dans les universités allemandes ou des déplacements d’ordre économique, ont été observées après la chute du régime socialiste. Si ces mouvements se sont multipliés à partir de la libéralisation des visas entre la Bulgarie et les pays de l’Union Européenne (2001), ce n’est qu’en 2007 avec l’adhésion à l’UE que le flux de ressortissants bulgares a commencé à s’accroître de manière significative.

Selon les autorités allemandes, ils seraient désormais 410 000 à résider en Allemagne. Mais, d’après la sociologue Marina Lyakova qui enseigne à l'Université de l'éducation de Karlsruhe, leur présence approcherait en réalité les 700 000 individus. Cela en fait l’une des plus importantes communautés bulgares expatriés.

En raison du vieillissement de la population allemande, de nombreux actifs bulgares accèdent facilement au marché du travail des différents Länder (personnel médical, soignant, ouvriers du bâtiment, employés de la restauration, élites intellectuelles et spécialistes de techniques hautement qualifiées). Ils s’installent principalement dans les grandes villes et les villes de taille moyenne. Les effectifs des étudiants bulgares inscrits au sein des universités allemandes se sont accrus dans le même temps et les intéressés ont fondé des associations estudiantines dynamiques.

Ce flux d’actifs entraine dans son sillage celui de personnes issues des minorités nationales bulgares, notamment des familles de la communauté rom, peu qualifiées et sans perspective d’avenir dans leur pays d’origine. Ces dernières se sont surtout implantées dans les villes de Duisbourg (plus de 11 000 Roms bulgares), Gelsenkirchen, Dortmund ou Coblence. Il s’agit majoritairement d’habitants de Stolipinovo (quartier rom de Plovdiv) et du district de Pazadzhik. Dans les villes allemandes d’accueil, les habitants sont de plus en plus opposés à cette présence, car ils reprochent aux nouveaux venus d’être responsables de problèmes d’insalubrité publique et de vivre des allocations sociales. Les intéressés se défendent en précisant qu’ils exercent des activités professionnelles faiblement rémunérées dans des secteurs économiques désertés par les actifs allemands. Ils notent par ailleurs que, dans leurs quartiers d’habitation, les services urbains de propreté sont moins présents que dans les secteurs où vivent les populations autochtones.

Les médias allemands évoquent régulièrement la situation de ces populations roms pauvres et marginalisées, ainsi que l’opposition des riverains à cette émigration. Pour M. Lyakova, cette surmédiatisation empêche la société allemande de percevoir la richesse et la diversité de l’immigration bulgare, des expatriés habituellement très bien intégrés.

Sources : Standart, DW, Dnevnik, Standart, Handelsblatt, Nova TV, INews.