Point de situation sur les migrations saisonnières bulgares dans le Moissagais

Le 3 janvier 2021, le Centre d’information et de recherches sur les Balkans (CIReB, association de type Loi 1901 sise à Blagnac) a diffusé son dernier rapport portant sur les migrations saisonnières des Bulgares de Pazardjik à Moissac au cours de 2020. On y apprend que l’augmentation du nombre de ressortissants bulgares résidant au moins une partie de l’année sur cette commune se poursuit. En 2019, entre 350 et 400 familles de saisonniers agricoles ont vécu dans la ville uvale ; en 2020, elles ont été entre 450 et 500 (soit 1 600 à 1 800 adultes et enfants), quand seulement 100 à 200 autres se sont provisoirement établies dans l’arrière-pays (à Valence d’Agen, Saint-Nicolas-de-Lagrave, Auvillar… et dans des fermes isolées). Lors du pic de présence, au cours des mois de juillet et août 2020, entre 1 400 et 1 600 de ces expatriés économiques résidaient sur le territoire de la ville uvale (contre seulement 1 200 à 1 300 en 2019).

L’année fut compliquée pour ces familles, qui ont dû faire face tour-à-tour à l’hostilité d’une partie des Moissagais, à un confinement sanitaire loin de leur patrie, à une surmédiatisation lors de la campagne des élections municipales, puis à la victoire de la liste conduite par un proche de Marion Maréchal, à des récoltes agricoles décevantes et enfin à un reconfinement.

Face à ces difficultés, quelques Bulgares ont choisi de fonder une amicale (baptisée « O Amala ») avec des Moissagais dès le mois de juillet, afin de favoriser le dialogue interculturel, la compréhension des codes socioculturels de la société d’accueil, mais aussi une meilleure insertion professionnelle.

Face aux tensions avec les Moissagais, le CIReB prône la mise en place d’une médiation de rue renforcée, occupant davantage le terrain, plus à l’écoute des riverains sur la question des troubles du voisinage et au contact des familles bulgares pour les amener à dialoguer avec leurs voisins. Le rapport précise également que le suivi social de cette nouvelle immigration devra probablement se poursuivre auprès des secondes et troisièmes génération de jeunes d’origine bulgare, avec pour objectif de rendre cette population plus autonome.

Les « commissionnaires » (des rabatteurs qui se chargent de mettre leurs compatriotes en relation avec des exploitants locaux en échange de rémunération) constituent toujours un problème majeur, car ils conservent une position dominante au sein de la communauté et les nouveaux arrivants passent souvent par leurs mains. La plupart d’entre eux devraient continuer leurs activités néfastes en 2021, d’autant que la pression migratoire pourrait augmenter à la suite de la crise sanitaire liée à la pandémie de Covid-19.

Enfin, le rapport constate que le mariage précoce des adolescents de la communauté bulgare a un impact négatif sur l’implication de ces jeunes gens dans leur scolarité, sur leur formation, et limite leurs opportunités de trouver des emplois mieux rémunérés.

Sources : Rapport d’étude n° 6 du CIReB, Facebook.