Par Edyta Skora (sources : Państwowa Komisja Wyborcza (Commission électorale nationale), presse locale)
Le 24 mai 2015, Andrzej Duda, le candidat du parti Prawo i Sprawiedliwość (PiS, Droit et Justice – droite conservatrice) a été élu président de la Pologne avec 51,55% des voix. Son rival, le Président sortant Bronisław Komorowski, candidat indépendant soutenu par le parti de la droite libérale Platforma Obywatelska (PO, Plateforme civique) a obtenu 48,45% des votes.
Ce scrutin a révélé une modification dans les habitudes électorales des Polonais. Outre par un taux de participation qui a péniblement atteint 55,34%, cette élection a été marquée par l’expression d’un mécontentement face à la classe politique en général et aux politiques libérales en particulier. Les électeurs n’ont en effet pas hésité à se tourner vers des solutions alternatives. Ainsi l’arrivée de Paweł Kukiz en troisième position à l’issue du premier tour a-t-elle produit l’effet d’une bombe dans le paysage polonais. Ce chanteur de rock a engrangé 20% des voix en proposant notamment des modifications dans la loi électorale afin de promouvoir des candidats indépendants et de mettre fin à l’hégémonie des grandes formations politiques. Soutenant officiellement A.Duda lors du second tour, il a pesé sur l’ensemble du scrutin. Surtout, il peut maintenant sérieusement envisager d’obtenir un siège de député lors des élections législatives de l’automne 2015.
L’autre phénomène révélé par ce scrutin semble être générationnel. Même s’il est tentant d’expliquer la victoire de A.Duda simplement par un vote de protestation, les électeurs déçus ayant décidé de sanctionner le pouvoir en place, la question paraît tout de même plus complexe. Cette élection pourrait s’expliquer aussi par un changement en cours aussi bien au sein de la classe politique que de la société polonaises. On assiste en effet actuellement à l’entrée en politique de «jeunes» leaders qui ne sont plus issus de l’opposition anti-communiste qui a précédé la chute du régime totalitaire, ni d’ailleurs des milieux proches de Solidarność. Ces quadragénaires n’ayant que peu, voire pas du tout, connu le communisme, ont une mentalité différente de celle de leurs prédécesseurs et une vision tout autre de la politique. Il semble désormais plus facile pour les jeunes Polonais de s’identifier à ces politiciens qu’à ceux qui incarnent la génération de leurs parents. Ils ont en outre l’avantage de ne pas être (encore) éclaboussés par les affaires de corruption ou de conflits d’intérêts, ce qui les distingue souvent de leurs confrères plus âgés.