Pologne : un second terminal GNL, à Gdansk ?

Par Céline Bayou (sources : Natural Gas World, PortGdansk.pl)

Après avoir inauguré, en 2015, un terminal de gaz naturel liquéfié (GNL) à Świnoujście (près de la frontière avec l’Allemagne), la Pologne vient d’annoncer qu’elle envisageait d’installer un second terminal GNL, flottant, situé dans la baie de Gdansk. C’est du moins ce que laisse entendre la compagnie de réseaux Gaz-System, qui évoque l’échéance du premier semestre 2021 pour l’inauguration du terminal. Selon l’entreprise publique, cette installation sera une alternative à la construction de nouveaux gazoducs permettant l’accroissement des importations de gaz en provenance de Norvège.

Gaz-System va lancer l’étude de faisabilité du projet, qui entre dans le cadre des projets industriels stratégiques. Il s’agira de faire passer les importations polonaises de GNL de 4,1 à 8,1 milliards de m3 par an. Le terminal de Świnoujście est actuellement doté d’une capacité de 5 milliards de m3 et des travaux d’extension devraient porter cette dernière à terme à 7,5 milliards. On ignore comment seraient répartis les volumes entre les deux terminaux.

L’importateur polonais de gaz, PGNiG, qui utilise le terminal de Świnoujście pour faire venir du gaz du Qatar, n’est pas partie prenante du projet de Gdansk pour le moment. PGNiG semblait jusqu’alors soutenir l’idée de l’installation de gazoducs reliant la Norvège.
La construction du terminal de Gdansk nécessitera le soutien financier de l’Union européenne. Or, pour le moment, ce terminal n’apparaît pas dans la liste des projets d’intérêt commun communautaires. Dans la mesure où celui de Świnoujście n’est utilisé pour le moment qu’à 55% de ses capacités, rien ne garantit que l’Union souhaitera cofinancer un nouveau projet. La Commission européenne a déjà opposé son refus à une demande émanant de l’Estonie pour une installation similaire. On notera d’ailleurs que le taux de 55% pour Świnoujście est une bonne performance, comparée à celle de terminaux GNL concurrents en Europe, en partie du fait qu’une partie des approvisionnements du terminal polonais, une fois re-gazéifiés, sont acheminés par camions vers l’Estonie.

On s’interroge donc sur la viabilité d’un second terminal GNL. En Europe, la Pologne et la Croatie se sont clairement positionnées en faveur du gaz naturel liquéfié afin de devenir des distributeurs régionaux de gaz, via des tubes installés auprès de leurs terminaux GNL. Mais la demande européenne reste difficile à évaluer pour les années à venir, d’autant que certains pays semblent privilégier le maintien d’approvisionnements en gaz russe plutôt que la diversification des sources et des formes d’énergie.