Quel risque de voir le Bélarus intervenir militairement en Ukraine ?

L’Union des mères du Bélarus a organisé le 6 juillet une action contre la guerre en Ukraine en plaçant dans des lieux publics des jouets d’enfants, accompagnés de pancartes expliquant aux passants leur crainte de voir le pays entraîné dans la guerre menée par la Russie contre l’Ukraine : « Mon éléphanteau, mon chaton, mon petit garçon, ta mère ne permettra pas que tu perdes la vie. Nous sommes contre la guerre ! Laissez les mauvais fils aller sous les bombes !! », pouvait-on lire sur l’une d’elles.

Les mères du Bélarus ont lancé un appel à leurs congénères pour qu’elles suivent leur action et déposent des jouets accompagnés d’explication, en prenant toutes les précautions nécessaires : déposer les jouets à des moments où l’emplacement est désert, prendre une photo de l’action, l’envoyer à l’association mais détruire la photo immédiatement après.

Depuis quelques jours en effet, les rumeurs enflent quant à une possible intervention de l’armée bélarusse en Ukraine. C’est ce que craignent certains experts ukrainiens qui rappellent que le Bélarus est déjà impliqué dans cette guerre : depuis le début de « l’opération spéciale », la Russie utilise son territoire pour lancer des roquettes sur l’Ukraine ; en outre, Minsk assure soutien logistique à l’armée russe, réparation des équipements et accueil des soldats russes blessés. Une intervention militaire directe serait néanmoins un pas décisif, qui satisferait V. Poutine.

Pour certains experts ukrainiens, cette potentielle intervention devrait être concomitante au lancement par la Russie des opérations sur le front Sud avec pour objectif la prise d’Odessa. Elle aurait le double avantage pour le Kremlin de disperser (et donc affaiblir) les forces ukrainiennes et de renforcer l’isolement international de Minsk qui n’aurait d’autre recours que d’entériner l’État de l’Union avec la Russie. Alors que le commandement militaire bélarusse a mené une série d’exercices, déployé des systèmes de guerre électronique à proximité des frontières ukrainiennes et interdit aux médecins locaux de voyager hors du pays, le président de facto A. Loukachenka a déclaré à plusieurs reprises que l’armée ukrainienne menaçait son pays. Les experts estiment que l’armée bélarusse pourrait être prête d’ici un mois environ.

Pour d’autres experts, au contraire, A. Loukachenka a tout intérêt à se tenir loin de cette guerre s’il veut se maintenir au pouvoir : ni l’armée ni la population bélarusses ne seraient enclines à une intervention directe en Ukraine. Les sanctions occidentales et la perte du marché ukrainien sont déjà suffisamment catastrophiques pour l’économie bélarusse et le régime se sait fragile face au mécontentement croissant de la population. Pour mémoire, en avril, le ministre bélarusse des Affaires étrangères Vladimir Makeï a adressé une lettre à ses homologues européens, leur proposant une relance du dialogue.

 

Sources : Charter97.org, ZN.ua, Ukrainska Pravda.