La République tchèque a, jusqu’à maintenant, été parmi les plus fervents soutiens à l’Ukraine au sein de l’Union européenne et de l’OTAN. Un sondage du STEM, centre de recherches indépendant, mené du 16 au 25 janvier 2025 sur une population de 1 034 individus âgés de plus de 18 ans, révèle toutefois une fatigue de l’opinion publique tchèque, sans aller jusqu’à remettre en question le soutien à l’Ukraine.
Une majorité relative (37 %) préfèrerait que l’Ukraine cède des territoires à la Russie pour mettre fin aux combats, en échange de garanties de sécurité et sans rejoindre l’OTAN. 17 % seraient en faveur de la même option mais avec possibilité d’une adhésion à l’OTAN et 29 % sont en faveur d’une reconquête de l’intégralité du territoire ukrainien, contre 8 % qui souhaiteraient l’abandon total de l’Ukraine. En outre, 72 % des sondés pensent que la République tchèque devrait prôner une fin rapide du conflit au prix de pertes territoriales pour l’Ukraine. En septembre 2023, ils n’étaient que 62 %.
L’opinion publique tchèque préfère d’autres formes d’aides, telles que l’aide humanitaire ou à la reconstruction, à l’aide militaire que 47 % des sondés trouvent trop importante (contre 4 % qui ne la trouvent pas assez importante).
La question migratoire revêt une importance particulière puisque le ministère de l’Intérieur a enregistré, début février 2025, plus de 395 000 réfugiés venant d’Ukraine avec une « protection temporaire », sur une population estimée à environ 10,9 millions d’individus en mai 2024. L’opinion selon laquelle le pays doit continuer d’accepter les réfugiés ukrainiens prévaut légèrement (54 %), mais seulement 34 % des sondés considèrent cet apport de main-d’œuvre bénéfique au développement du pays (ce qui constitue toutefois une légère augmentation).
Les réserves concernant l’intégration des réfugiés semblent liées aux préoccupations culturelles et linguistiques plus qu’à la compétition sur le marché du travail. « Cependant, il y a des groupes pour qui les Ukrainiens nouvellement arrivés sont une concurrence directe sur le marché de l’emploi. Ce sont les gens dans les professions moins bien rémunérées, particulièrement dans l’industrie », explique Jaromír Mazák, Directeur de recherches au STEM. Le soutien à l’accueil des réfugiés est d’ailleurs plus élevé chez les individus les plus aisés ou ayant une éducation universitaire (près de 70 %) contre les moins aisés ou n’étant pas diplômés du lycée (respectivement 37 et 44 %).