Riga : les volontaires du 9 mai rendent hommage aux vétérans de la Grande Guerre patriotique

Chaque année le 9 mai, plusieurs dizaines de milliers de personnes célèbrent à Riga les vétérans qui ont combattu dans l’Armée rouge contre les nazis durant Grande Guerre patriotique (1941-1945). Parmi les participants, presque exclusivement russophones, les jeunes volontaires affichent leurs tee-shirts rouges et leur bonne volonté.


L’organisation 9May.lv fédère les jeunes de Lettonie qui souhaitent honorer la mémoire de leurs arrière-grands-parents qui se sont battus dans l'Armée rouge contre le nazisme. Subventionnée en partie par la Russie, elle assure une présence visible lors du rassemblement du parc de la Victoire et anime les événements ponctuant cette journée qui oscille entre émotion (dépôts de fleurs, soutien apporté aux vétérans présents, discours évoquant la dette des plus jeunes) et fête foraine. Si l’événement fédère avant tout la population russophone de Riga, celle concernée dans son histoire familiale par cette mémoire, on constate peu de débordements parmi les participants, dont la plupart ne souhaitent pas se prononcer sur la politique actuelle de la Russie et de son Président. Les jeunes bénévoles de 9May.lv manifestent une fraîcheur naïve mais prudente qui rappelle une forme d’éducation paternaliste pas si lointaine dans la région. Le sacrifice de leurs aïeux a un sens pour eux, celui d’une génération qui a contribué à mettre à bas le nazisme. Ce n’est ni le jour ni le lieu d’évoquer le devenir de la Lettonie en 1945. Contrecarrant une perception qui tendrait à associer l’événement à une population arrivée en Lettonie après la guerre, force est de constater qu’une large partie de ces jeunes, citoyens de Lettonie, mettent en avant leurs origines lettones.


Sabina (17 ans, lycéenne, future chef cuisinier) : «C’est la 3e année que je participe au rassemblement du 9 mai mais mon engagement ne se limite pas à cette journée. Je suis dans le collectif toute l’année pour aider les vétérans, qui sont de moins en moins nombreux et sont souvent isolés. Nous faisons leurs courses, leur apportons des produits, pouvons les accompagner quelque part et venons leur tenir compagnie. Je n’ai pas de vétéran dans ma famille mais c’est mon devoir de rendre hommage à ceux qui ont sacrifié leur vie ou une partie de leur jeunesse.»


Romans (21 ans, contrôleur qualité dans une entreprise) : «Je participe chaque année à ce rassemblement. Là, je dirige le collectif des filles qui disposent les fleurs apportées par les gens devant le monument. Il y avait des vétérans dans ma famille, mais je ne les ai pas connus. Je veux leur dire merci.»


Aleksandra (19 ans, étudiante, future entrepreneure) : «Je suis là parce que c’est une grande fête, on doit se souvenir et respecter les vétérans. Je cherchais à faire quelque chose et j’ai trouvé ce collectif, on fait des réunions, on organise des actions, on va voir les vétérans, on leur apporte leurs médicaments par exemple, on peut même faire des travaux dans leur appartement si c’est nécessaire. Parce qu’on a tendance à les oublier. Et puis les vétérans sont de moins en moins nombreux, il faut faire vite, tous ne savent pas que nous existons et pouvons les aider, nous devons les trouver, les inscrire. Tout ça est gratuit. Nous, nous sommes bénévoles, mais les gens peuvent envoyer de l’argent. Et puis l’ambassade de Russie et des sponsors nous soutiennent bien sûr. Moi, l’un de mes arrière-grands-pères a fait toute la guerre, jusqu’à Berlin. L’autre était de Ludza [petite ville de l'est de la Lettonie], il était tankiste, il est mort très jeune. Mon arrière-grand-mère, elle, a été dans les camps nazis. Mais elle en est revenue, c’était une femme très forte. J’essaie d’être forte moi aussi.»


Genādijs (17 ans, lycéen, futur juriste, à gauche sur la photographie) : «C’est la première année que je participe mais j’ai fait plein de choses. Cette année, pour les 70 ans de la fin de la Guerre, on a distribué des médailles aux vétérans grâce à l’ambassade de Russie. Mon arrière-grand-père était tankiste, même ma mère l’a peu connu. Il a fait toute la guerre. Après, il a fait une carrière de militaire en Lettonie, mais il y vivait déjà avant cette guerre.»