Dans certains villages de Muntenia et de Dobroudja (régions danubiennes du sud-est de la Roumanie), les jeunes femmes continuent à se livrer en petits groupes à un rituel étrange à l’occasion des deuxième et troisième semaines après Pâques, le Caloian. Le plus souvent, cette coutume dacique (tribus peuplant le bas Danube dans l’antiquité et connues pour leur civilisation agraire) est organisée le 3ème mardi suivant la fête religieuse chrétienne.
Répartis par âges, des groupes sont placés sous la supervision d’une cheffe, et deviennent prêtresses païennes d’un jour pour accomplir ce rituel. Les jeunes femmes fabriquent une idole en argile, qui a la forme d’un paysan décoré. La figurine est appelée « Caloian », terme provenant de la racine slave kale, signifiant argile. Elle est enterrée dans un champ ou au bord de l’eau, après avoir été préalablement placée dans un petit cercueil, convenablement refermé. Conduisant l’idole sur les lieux de son enterrement symbolique, la jeune prêtresse profère quelques incantations avant que l’ensemble des participantes ne pleure la figurine mise en terre : « Caloian, laisse couler les pluies, jour et nuit, pour combler les fossés, laisser pousser les légumes ».
Le rituel est également l’occasion de pleurer les défunts des familles de ces jeunes femmes. Enfin, quelques jours après cet étrange enterrement, l’idole est exhumée par le même groupe et pleuré à nouveau.
Cette coutume qui perdure a pour objectif de prémunir les cultures agraires locales des sécheresses auxquelles les régions méridionales du pays sont régulièrement confrontées.
Sources : Jurnalul National, Adevarul, Radio România Internațional.