Russie : 25 nouvelles usines d’incinération de déchets

Le 14 mai 2020, un accord a été trouvé entre Sergueï Tchemezov, Directeur général de Rostec, Alexei Likhatchev, Directeur général de Rosatom, et Igor Chouvalov, Président de VEB.RF (ex-Vneshekonombank). Cet accord porte sur la construction de 25 nouvelles usines d'incinération des déchets (МСЗ) sur le territoire russe. Le coût total du projet est estimé à 600 milliards de roubles (7,5 Mds €). S. Tchemezov a déclaré que « la construction de 25 entreprises modernes pour la production d'énergie à partir de déchets empêchera l'émergence de plus de 80 nouvelles décharges » et « permettra d’en fermer 25 existantes ».

Ce projet permettra également de dynamiser l’économie du pays, avec de nouveaux investissements dans l'industrie russe (pour un montant estimé à l’équivalent de 5,7 Mds €) et la création de nombreux emplois (2 500 environ). Un premier projet pilote, Énergie issue des déchets, est actuellement développé par RT-Invest, filiale de Rostec : celle-ci construit quatre usines de gestion des déchets dans l’oblast de Moscou (à Voskressensk, Naro-Fominsk, Solnetchnogorsk et Bogorodskoïe) et une au Tatarstan. La construction des centrales devrait s'achever en 2022.

Toutefois, la question environnementale a été soulevée par Greenpeace Russia qui a publié le même jour un communiqué alarmant. Alors que Rostec revendique la construction d’usines « respectueuses de l’environnement », c’est tout le contraire que semble dénoncer l’association : selon l’ONG, les 30 usines d'incinération de déchets (25 nouvelles et 4 du projet pilote) ne seront en mesure de brûler que 20 % des déchets ; en outre leurs émissions de fumées toxiques seraient, quant à elles, considérables. Selon l’association « 30 % des cendres et des scories [provenant de la masse des déchets] sont produites après incinération ». Rostec a répondu du tac au tac, affirmant que « la température de combustion atteint 1 260 degrés » afin d’assurer une « destruction complète des substances dangereuses ».

Mais Greenpeace Russia dénonce aussi, plus globalement, la surproduction énergétique dans le pays qui fait que, bientôt « 30 usines produiront 5 millions de tonnes de déchets toxiques par an ». L’association appelle à une consultation citoyenne, comme ce fut le cas en 2015 à Saint-Pétersbourg dans le cadre de l’installation d’un nouvel incinérateur.

Sources : Greenpeace.ru, Rostec.ru, Kommersant.