Au cours des derniers jours, plusieurs villes du Caucase du Nord ont connu des manifestations antisémites inquiétantes : à Khassaviourt (Daghestan), un groupe de personnes est venue manifester le 28 octobre au soir devant l’hôtel Flamingo pour en déloger de prétendus réfugiés israéliens après que la chaîne Telegram Outro Daghestan (Daghestan Matin) ait fait courir la rumeur de leur arrivée massive. Des habitants de la ville, rassemblés devant l’hôtel, ont demandé le départ de ces locataires jugés indésirables et ont caillassé l’établissement. La police aurait permis à quelques manifestants d’entrer dans l’hôtel afin de vérifier qu’aucun citoyen israélien ne s’y trouvait, après quoi la foule s’est dispersée et une affiche a été accrochée à l’entrée de l’établissement, indiquant que les Israéliens n’étaient pas autorisés à y entrer.
Le même soir, un rassemblement spontané anti-israélien s’est déroulé sur la place Lénine de Makhatchkala (Daghestan). Un autre, non autorisé, a eu lieu simultanément à Tcherkessk (capitale de la Karatchaïevo-Tcherkessie), auquel ont participé environ 200 personnes qui souhaitaient exprimer leur soutien aux Palestiniens. Les manifestants ont appelé à ne pas laisser les réfugiés israéliens entrer dans la région et demandé le départ des Juifs. Par ailleurs, le 29 octobre au matin, le centre culturel juif de Naltchik (capitale de la Kabardino-Balkarie) a été incendié et l’inscription « Mort aux Juifs » peinte sur l’un de ses murs. Deux jours avant, une pétition contre l’installation de ce centre avait été lancée sur Internet (elle rassemblait 20 120 signatures le 29 octobre après-midi), pointant le fait qu’un tel centre n’était pas nécessaire alors que la population juive ne compte que pour environ 1 % de celle de la république : « Compte tenu de la situation géopolitique au Moyen-Orient, la construction d’un centre juif dans la région pourrait déstabiliser la situation dans notre petite république pacifique, provoquer des conflits entre les diasporas et suscité des sentiments antisémites », argumentent les auteurs de l’appel.
Le responsable du Daghestan, Sergueï Melikov, tout en blâmant ceux qui s’étaient laissé abuser, a estimé que ces événements résultaient de manipulations organisées par les « ennemis de la Russie » et appelé les habitants de sa république à « réprimer toute tentative de diviser la société ». « Nos prières accompagnent le peuple de Palestine aujourd’hui », a-t-il ajouté. Le centre de coordination des Musulmans du Caucase du Nord a également condamné ces actes, rappelant que « les Musulmans du Caucase du Nord ne peuvent être du côté de la haine et de l’intolérance envers d’autres peuples et religions » et précisant qu’il n’y avait pas de place pour l’antisémitisme dans la région. Il a également estimé que ces manifestations résultaient des « provocations de forces destructrices ».
Souces : Kavkazskiï Ouzel, Novaya Gazeta, Meduza, ru.petitions.net.