Russie : Ankara place le projet de gazoduc Turkish Stream sous condition

Par Céline Bayou (sources : Gazeta.ru, Trend.az, Bloomberg.com, Novosti.ru)

Annoncé de manière tonitruante en décembre 2014 par le Président russe Vladimir Poutine, le projet de gazoduc Turkish Stream semble aujourd’hui en difficulté. L’Union européenne ayant bloqué le South Stream qui devait, après avoir traversé la mer Noire, aboutir en Bulgarie pour traverser les Balkans sans respecter les normes communautaires, V.Poutine avait en effet annoncé à la surprise générale qu’il n’entamerait pas un bras de fer avec l’UE: la Russie opterait pour un tube qui traverserait la mer Noire, aboutirait en Turquie et acheminerait ensuite le gaz jusqu’à la frontière avec la Grèce. Les observateurs avaient alors noté que le partenaire turc serait vraisemblablement complexe à gérer pour la Russie.

Une première expérience gazière lie en effet les deux pays depuis 2003, avec le Blue Stream qui achemine également par voie sous-marine du gaz russe vers la Turquie. Ce gazoduc est en opération mais la compagnie turque Botas a le pouvoir de négocier le prix et les quantités de gaz livré, ce qui n’arrange pas forcément Gazprom.

Or, l’annonce est tombée le 3 juillet d’un possible ralentissement du projet Turkish Stream en raison d’un désaccord entre la Turquie et la Russie concernant le prix du gaz actuellement livré via le Blue Stream. En effet, depuis six mois les deux partenaires ne parviennent pas à trouver un accord sur le prix pour la période à venir et, selon une source azerbaïdjanaise, Botas envisagerait de déposer une plainte devant une Cour d’arbitrage internationale et de geler le projet Turkish Stream.

Depuis l’annonce du projet, la Turquie a fait comprendre qu’il n’était pas prioritaire pour elle. Les changements politiques en cours dans le pays ne sont en outre pas de nature à accélérer le processus.

Ces atermoiements ne font pas l’affaire des autres pays concernés, en particulier la Grèce et la Macédoine, qui comptent bien profiter de cette manne mais sont tributaires d’un accord entre la Russie et la Turquie. D’autres pays encore continuent de manifester leur intérêt, comme la Serbie qui devait se trouver sur le parcours du South Stream et a beaucoup perdu avec l’annulation de ce projet. L’ambassadeur de Serbie à Moscou a toutefois fait savoir, le 4 juillet, que son pays cherche depuis des possibilités de diversification: le Turkish Stream est au nombre des options envisagées.