Russie : création d’une base de données sur les personnes mobilisables

Les autorités russes auraient lancé la version bêta d’une base de données rassemblant les personnes pouvant être astreintes au service militaire et/ou mobilisables. Cela permettrait au gouvernement d’accroître les contrôles et d’empêcher ceux qui voudraient éviter leurs obligations militaires de passer les frontières (depuis le début de la guerre, ils seraient entre 500 000 et un million).

Cette base de données a été demandée en novembre 2022 par le Président russe qui a édicté un oukaze en ce sens, demandant une base de données numérique, rassemblant les informations sur toute personne susceptible d’être incorporée (adresse, numéro de téléphone, mail, permis de conduire, biens mobiliers et immobiliers, emploi, famille, santé, casier judiciaire, report de mobilisation, grade le cas échéant, performances sportives). Ces données devraient être mises à jour quotidiennement.

Formellement, cette base de données ne devait être opérationnelle qu'en avril 2024 mais elle pourrait être lancée dès le printemps 2023. Outre le fait qu’elle permettra de rassembler plus rapidement les appelés et de les empêcher de contourner l’appel ou la mobilisation, elle doit, selon les autorités, faciliter l’enrôlement dans la bonne arme, en tenant compte d’éventuels problèmes de santé, mais aussi d’éviter d’appeler des personnes décédées (cela à été le cas lors de la mobilisation de l’automne), des étudiants ou des pères de famille nombreuse. Jusqu’ici, les bureaux d’enregistrement et d’enrôlement militaire disposaient de données sur papier uniquement. La mobilisation de l’automne 2022 a montré qu’un tiers seulement de ces informations étaient à jour.

La base de données est construite à partir des informations transmises par les services fiscaux, qui disposent d’un registre unifié de la population du pays, agrémentées de celles d’autres ministères (Intérieur, Santé, Éducation, Travail…) Le service de presse du ministère du Développement numérique, interrogé par Zapiska, aurait refusé de commenter ces informations, rappelant qu’elles sont à « usage officiel ».

Sources : Zapiska.substack.com, Meduza.io, Pravo.gov.ru.