Par Céline Bayou (sources : Gazeta.ru, Kommersant, EuroNews, EUObserver)
Le 18 mai 2016, le Conseil régional de Vénétie a adopté par 27 voix sur 51 une résolution dans laquelle elle demande la levée des sanctions à l’encontre de la Russie et la reconnaissance de la Crimée comme partie intégrante de la Russie. Aussi symbolique que le vote auquel a procédé l’Assemblée nationale en France le 28 avril 2016 (55 voix pour, 44 contre), cette résolution n’aura évidemment pas d’effet direct sur la politique de l’Italie en la matière mais elle permettra au gouvernement régional de se tourner vers le gouvernement et le Parlement italiens ainsi que vers les institutions européennes pour leur soumettre la question d’une éventuelle levée de ces sanctions.
La Ligue du Nord est majoritaire au parlement de Vénétie, et ce parti dénonce depuis longtemps les sanctions européennes contre la Russie. Celles-ci auraient de fortes répercussions sur l’économie de la Vénétie, mais aussi de Lombardie et d’Émilie-Romagne. Les secteurs agricole et viticole de Vénétie sont particulièrement touchés et, au cours des 18 derniers mois, la région aurait sui l’équivalent d’un milliard d’euros de pertes. Depuis l’été 2014, les produits agricoles européens sont en effet frappés d’embargo, sous l’effet des contre-sanctions adoptées par Moscou.
L’admiration du leader de la Ligue du Nord pour le Président russe n’est un secret pour personne. Mais ce vote n’en reste pas moins un appel lancé à Bruxelles, pour que l’Union européenne change de politique à l’égard de la Russie. Il vient s’ajouter aux voix qui, au sein de l’UE, réclament la fin des sanctions: on sait qu’en Hongrie, le Premier ministre Viktor Orbán a maintes fois dit son opposition au principe de ces sanctions que son pays respecte en tant qu’État membre de l’Union mais qu’il juge contre-productives pour le dialogue avec la Russie. Or ce dialogue, pour le chef du gouvernement hongrois comme pour certains députés italiens ou français, outre qu’il est indispensable, se devrait d’être pragmatique. Pour les membres du Conseil régional de Vénétie qui ont voté cette résoluton, les sanctions européennes suivies par l’Italie sont une «erreur stratégique».
Dans le même temps, la responsable de la dilomatie européenne Federica Mogherini a, elle, déclaré que les sanctions europennes devraient très vraisemblablement être prolongées en juillet prochain, l’application des accords de Minsk 2 par les parties impliquées étant un préalable indispensable à l’examen de cette question. Et de conclure sur le fait qu’actuellement, la Russie n’est pas pour l’UE un partenaire stratégique. Tout juste un pays stratégique.