Le vice-Chancelier allemand et ministre de l’Économie et du Climat, le Vert Robert Habeck, a déclaré lors d’une interview accordée le 18 décembre au Frankfurter Allgemeine Zeitung que le projet de gazoduc Nord Stream 2 avait toujours été une erreur géopolitique.
Soulignant que tous les pays de l’UE, à l’exception de l’Allemagne et de l’Autriche, s’étaient opposés à ce tube, il s’est demandé si celui-ci serait finalement mis en service, alors qu’il était entièrement construit.
Si la question de la mise en service du gazoduc reste controversée en Allemagne, le vice-Chancelier a souligné que deux questions devaient prévaloir : la conformité avec la législation communautaire d’une part, et le contexte de pression exercée par la Russie sur l’Ukraine et l’OTAN, qui pourrait faire de ce projet un objet de sanctions, d’autre part.
En cela, le vice-Chancelier se démarque du Chancelier allemand Olaf Scholz : celui-ci a nié le second argument à l’issue du sommet de l’UE qui s’est tenu à Bruxelles le 17 décembre, affirmant que les efforts de désescalade autour de l’Ukraine n’avaient aucun rapport avec Nord Stream 2 ; selon ses termes, le gazoduc restait un projet économique purement privé.
Les prix du gaz sur le marché européen atteignent des records depuis le début de l’automne. Ils sont passés à 1 300 $/1 000 m3 après que la ministre allemande des Affaires étrangères Annalena Baerbock ait déclaré que le gazoduc ne pourrait être mis en service tant qu’il ne se conformerait pas à la législation européenne. Pour cela, le tube devra obtenir la certification du régulateur allemand, qui va vérifier sa conformité avec la directive européenne sur le gaz. Il faudra ensuite obtenir l’autorisation de Bruxelles. Or, le processus de certification est actuellement interrompu, le temps de créer une filiale de l’entreprise Nord Stream 2, enregistrée en Suisse. Décision que la Russie dénonce comme un atermoiement artificiel.
Sources : Frankfurter Allgemeine Zeitung, Vedomosti, Svoboda.org, Polish News.