Par Céline Bayou (sources : Meduza, 7×7-journal.ru, The Independent Barents Observer)
Dans l’oblast d’Arkhangelsk, les employés des bibliothèques auraient reçu l’ordre de vider les étagères de leurs établissements des livres marqués du sceau de la fondation Soros. C’est un membre de l’Institut de la littérature russe, Alexeï Balakine, qui a évoqué le premier ce diktat sur sa page Facebook, relayant la perplexité des bibliothécaires de la région.
Ces livres auraient l’énorme défaut d’avoir été «publiés» par la Fondation Soros, interdite désormais en Russie après avoir été déclarée «agent de l’étranger». De fait, la Fondation Soros n’a pas publié ces ouvrages mais, depuis une vingtaine d’années, a acquis un certain nombre de livres de référence auprès de bonnes maisons d’éditions et les a envoyés dans des bibliothèques diverses, après avoir apposé le sceau de l’Open Society Institute sur les premières pages. Ce sont ces livres qui doivent être mis hors du circuit aujourd’hui.
Ainsi, des ouvrages de Pouchkine, Dostoïevski, Tchoukovski, Prichvine, Soljenitsyne et d’autres encore, des ouvrages de philosophie ou des encyclopédies pour enfants se trouvent de fait interdits.
Selon les dires d’A.Balakine, les bureaux locaux de la Procurature vérifient actuellement la mise en application de l’oukaze. Des rumeurs font même état de bibliothécaires récalcitrants qui auraient fait l’objet d’une convocation au tribunal de Severodvinsk.
Le journal en ligne Meduza confirme que l’ordre viendrait «d’en haut» et, selon ses informations, les autorités régionales (en particulier les ministères de la Culture et de l’Éducation) dénient toute implication dans ces opérations.
Ce n’est pas la première fois que les livres offerts par la fondation Soros font l’objet de polémiques en Russie: début 2016, le personnel de la bibliothèque de Vorkouta avait «éliminé» un certain nombre d’ouvrages portant le sceau de l’Open Society Institute. Les rumeurs affirmaient qu’ils avaient été brûlés.