Par Stéphan Altasserre (sources : Slobodna Bosna, BH Magazin, Nacional))
Un sommet rassemblant les chefs de gouvernement de six pays des Balkans occidentaux a été organisé le 16 mars 2017 à Sarajevo (Bosnie-Herzégovine). Cet événement entre dans le cadre du processus de Berlin qui, depuis 2014, encourage les initiatives diplomatiques entre les pays des Balkans occidentaux afin d’améliorer la coopération dans des domaines concrets (transports, énergie, alliances économiques) et de favoriser des réformes qui pourraient conduire à l’adhésion à l’UE de six pays des Balkans (Serbie, Croatie, Macédoine, Bosnie-Herzégovine, Albanie, Kosovo).
Or ce sommet est intervenu à une période de regain de tension entre Pristina et Belgrade, la Serbie cherchant à retarder l’adhésion du Kosovo à l’UNESCO. Pour rappel, le 4 janvier 2017, Darko Tanaskovic, l’ambassadeur serbe dépêché auprès de cette organisation internationale, avait mis en garde sur les conséquences de l’accession à la qualité de membre de l’UNESCO du Kosovo. De son point de vue, l’impact sur l’identité serbe et sur le patrimoine culturel dans la région serait «incalculable»et néfaste.
Le 15 mars 2017, à la veille du sommet, les six chefs de gouvernement se sont réunis lors d’un dîner informel dans un restaurant de Sarajevo. Suivie de près par les médias, cette soirée devait permettre d’évoquer la coopération des pays des Balkans candidats à l’adhésion à l’UE.
La soirée ne s’est pourtant pas déroulée comme prévu. En effet, le repas a été marqué par un conflit verbal entre Aleksandar Vučić et Isa Mustafa, respectivement Premiers ministres de Serbie et du Kosovo, le premier ayant entrepris le second sur le «pillage» des biens serbes au Kosovo. Le chef de gouvernement serbe faisait allusion à la décision du gouvernement kosovar d’enregistrer désormais au nom de la République du Kosovo tous les biens immobiliers ex-yougoslave de l’ex-province autonome kosovare. L’incident n’a pas échappé aux journalistes et a été relayé dans la presse.
À la suite de cette altercation, l’ambiance est restée tendue pendant tout le dîner. Cette mésentente, qui a en partie miné l’événement politique du lendemain, limitant les capacités de dialogue entre ces deux acteurs de la zone, est le révélateur de tensions profondes, ravivées depuis plusieurs mois déjà sur la question de la gestion et de la protection des enclaves serbes du Kosovo.