Le 14 décembre 2021, la chaîne tv allemande SAT 1 a diffusé le documentaire Inside Tönnies, réalisé par la journaliste Jana Bernhard. Il s’agit d’une enquête (avec infiltration sous couverture d’une ressortissante bulgare, baptisée « Milena ») portant sur les conditions de travail et de vie d’ouvriers est-européens, notamment bulgares et roumains, employés par l’abattoir Tönnies. Celui-ci avait déjà attiré l’attention en mai 2020 avec l’infection à la Covid-19 de près de 1 300 employés originaires d’Europe de l’Est (946 Roumains, 236 Polonais et 103 Bulgares).
Le reportage cité dénonce des maltraitances subies par les employés étrangers. L’infiltrée y décrit des conditions de travail particulièrement difficiles que ne supporteraient pas les travailleurs allemands (interdiction de se rendre aux toilettes, de manger ou encore de boire de l’eau en dehors de très courtes pauses, froid et humidité). Elle témoigne de personnes ayant perdu du poids en peu de temps et souffrant physiquement. « Légales » puisqu’inscrites dans les contrats de travail, ces conditions n’en sont pas moins « inhumaines » selon « Milena » qui souligne un turn-over rapide au sein de l’abattoir.
Un employé roumain a déclaré travailler entre 12 et 13 heures par jour, sans compensation financière pour ses heures supplémentaires. La plupart des ouvriers sont logés à huit ou dix dans des appartements appartenant à l’entreprise. Le loyer y est de 200 euros par personne, une somme deux à trois fois supérieure au loyer moyen versé dans la région. Pour J. Bernhard, il s’agit d’une forme d’« esclavage moderne ».
Immédiatement après la diffusion du documentaire, les avocats de Tönnies ont envoyé à la rédaction une lettre de menace de poursuite. Le propriétaire de l’abattoir, Clemens Tönnies, s’est toutefois excusé publiquement : « Les gens sont importants pour moi et je tiens à m’excuser », a-t-il déclaré à la presse.
Sources : SAT 1, G4media, Dnevnik, Novinite, Boulevard Bulgaria, DIG LOGS.