Serbie : protégé par Belgrade, Milorad Dodik a échappé à la notice rouge d’Interpol

Le 18 mars, un mandat d’arrêt a été émis à l’encontre du président de la République serbe de Bosnie (RS) Milorad Dodik par la Cour fédérale, demandant à l’ensemble des forces de l’ordre, même en RS, de procéder à son arrestation, car l’intéressé avait refusé de répondre à une convocation délivrée par le ministère public fédéral dans le cadre d’une enquête sur ses agissements portant atteinte à la Constitution fédérale. M. Dodik a alors quitté la Bosnie-Herzégovine pour se réfugier en Serbie le 24 mars. Il s’est ensuite déplacé en Israël et à Moscou, sans être arrêté par un seul service de police.

La Cour de Bosnie-Herzégovine avait demandé à Interpol l’émission d’une notice rouge pour informer les services de police de l’organisation du mandat d’arrêt qu’elle avait délivré. Le 2 avril, après intervention d’Aleksandar Vučić et de Viktor Orban en faveur de M. Dodik soulignant le caractère politique de l’affaire, le Secrétariat général d’Interpol a indiqué que la demande de la juridiction avait été rejetée sur la base de l’article 3 du Statut d’Interpol, qui lui interdit d’intervenir « dans des questions ou affaires présentant un caractère politique ». Dans la foulée, le président de RS a communiqué sur X pour remercier ses soutiens : « Le président Aleksandar Vučić vient de m’appeler pour m’annoncer qu'il a reçu une notification de la direction d’Interpol indiquant que l’appel de la Serbie avait été accepté et qu’Interpol avait rejeté la demande de la Cour de Bosnie-Herzégovine d'émettre un mandat d’arrêt rouge contre Stevandic et moi. Merci au président serbe Aleksandar Vučić pour son soutien et sa communication claire et intègre avec Interpol. Merci également au président Orban, ainsi qu’aux présidents de tous les autres États qui ont interjeté appel, conscients du contexte politique des poursuites judiciaires auxquelles je suis exposé ». Soulagé, il a regagné Banja Luka sans être inquiété.

Vučić Tanja Topić, analyste politique, a estimé que l’interprétation d’Interpol avait été perçue par les proches de M. Dodik comme « un appel à annuler le verdict non finalisé de la Cour de Bosnie-Herzégovine ». Pour l’expert, « la saga politique en Bosnie-Herzégovine est loin d’être terminée ».

Pour expliquer le rôle de Belgrade dans cette affaire, le journaliste Samir Begović précise que « La liberté et le pouvoir de Dodik constituent un intérêt stratégique pour la Serbie, car l'opposition actuelle en RS leur paraît peu fiable et faible, même si elle entretient de bonnes relations avec elle. Après tout, Dodik et Vučić sont solidaires dans tout ce qu'ils entreprennent, tant dans les actions anticonstitutionnelles et destructrices de Dodik en Bosnie-Herzégovine que dans les actions anti-étudiantes du régime de Vučić en Serbie ».

Sources : Danas, DW.