Tadjikistan : Douchanbé s’inquiète du retour massif des émigrés en provenance de Russie

La vice-ministre tadjike du Travail, de la Migration et de l’Emploi Shakhnoza Nodiri a déclaré constater un afflux de travailleurs migrants tadjiks en provenance de Russie depuis l’attentat terroriste perpétré le 22 mars au Crocus city hall, dans la banlieue de Moscou. Douchanbé dit constater désormais plus d’entrées sur son territoire que de départs.

Le Bureau de représentation du ministère à Moscou aurait reçu énormément d’appels de ressortissants tadjiks apeurés qui souhaitent rentrer au plus vite au Tadjikistan, mais aussi des menaces à l’encontre de la communauté tadjike. Le ministère a invité les Tadjiks émigrés en Russie à ne pas céder à la panique et à ne pas prendre au premier degré les messages provocateurs qui circulent sur internet, visant à semer la discorde. Il est vrai que la grande majorité des Tadjiks exilés se trouve en Russie : en 2023, sur 652 000 Tadjiks ayant opté pour l’émigration, 627 000 ont choisi la Russie. Au total, 1,5 million de Tadjiks vivraient en Russie.

Depuis l’attentat, la Russie a expulsé des centaines d’étrangers pour infraction à la législation sur l’immigration, ciblant largement les populations centrasiatiques qui se heurtent également à une montée spectaculaire de la xénophobie et sont parfois violemment pris à partie par la population russe. Les responsables des diasporas tadjike et kirghize de Russie ont d’ailleurs recommandé à leurs concitoyens de ne sortir dans la rue qu’en cas de nécessité et de ne pas se mêler à des rassemblements de masse.

Le départ de ces travailleurs qui officient essentiellement dans le bâtiment, la restauration, le commerce de détail et l’entretien des rues pourrait poser un problème rapidement sur le marché russe du travail, alors que le chômage est à son plus bas niveau depuis trente ans (2,9 %) et que le Kremlin a besoin de milliers d’hommes pour continuer sa guerre en Ukraine.

Sources : RFE/RL, The Times of Central Asia, TASS.