Kazakhstan : une émission tv déprogrammée après un scandale autour des violences domestiques

Lors de l’émission télévisée en direct Birak sur la chaîne nationale Khabar, une femme victime de violences domestiques qui avait souhaité intervenir sous couvert d’anonymat et sans la présence de son mari a été contrainte de lui faire face.

Le 11 mars 2024, une femme qualifiée d’« héroïne » par la ministre kazakhstanaise de la Culture et de l’information est venue témoigner dans ce qui devait être une émission destinée à sensibiliser au sujet des violences domestiques. Contactée par l’intermédiaire du Centre d’aide pour les femmes et les enfants auprès duquel elle avait trouvé refuge, la femme a accepté de prendre part à l’émission à condition que son visage ne soit pas montré et que son mari, alcoolique et violent, ne soit pas présent. La mère de 6 enfants avait fui Tchimkent (sud du pays, à la frontière ouzbèke) pour Astana après plus de 18 ans de mariage. Il a retrouvé sa trace et s’est présenté au refuge à plusieurs reprises, saoul voire accompagné de la police.

Les organisateurs de l’émission, qui avaient pourtant accepté les conditions de la témoin, ont invité le mari sur le plateau. Le présentateur aurait tenté de persuader le personnel du centre de réconcilier le couple et d’éviter un divorce : « Ils voulaient engager un avocat et un psychologue pour que les enfants puissent voir leur père. Nous sommes simplement choqués, qu’une fois encore, il y ait une dépréciation de l’importance des femmes et de leurs souffrances », raconte Anna Ryl, la directrice du centre.

Les réseaux sociaux et différents médias se sont emparés de cet événement, apportant leur soutien à la courageuse témoin. Les téléspectateurs kazakhstanais sont d’autant plus sensible à ces problématiques qu’ils ont suivi le procès de l’ancien ministre de l’Économie nationale, Kuandyk Bishembayev, accusé du meurtre de sa femme. Aida Balayeva, ministre de la Culture et de l’information, a déclaré que le comité éditorial de l’émission aurait dû se plier aux standards éthiques et ne pas autoriser ce soutien aux violences domestiques : « Ce qui s’est passé en direct devrait être une leçon pour tous les comités éditoriaux de la chaîne. Cette émission sera déprogrammée », a conclu la Ministre.

Le président du conseil de Khabar TV, Kemelbek Oishybayev, s’est excusé auprès de l’audience et de l’invitée de l’émission, en dévoilant son nom complet.

Sources : kursiv.media, orda.kz, The Times of Central Asia.