Ukraine : dans les régions occupées, la bataille de l’éducation

Dans les régions méridionales d’Ukraine tenues par l’armée russe, les forces d’occupation commencent à mettre en place le contrôle du système éducatif. Selon les parents et les enseignants, le chantage est à l’œuvre pour les amener à coopérer en vue de la rentrée prochaine : certains témoignages affirment que les forces russes menacent de déchoir les parents de leurs droits s’ils n’acquièrent pas la citoyenneté russe et s’ils refusent de scolariser leurs enfants dans les écoles indiquées. Ce serait le cas à Enerhodar, au nord-ouest de Zaporijia, où les parents effrayés hésiteraient à résister.

Pour le moment, le personnel enseignant refuserait dans sa majorité de se plier aux injonctions, conscient que la Russie manque de ressources. Mais, à Marioupol, des enseignants auraient été envoyés en Russie pour y obtenir une « certification ». Dès le mois de mai, la médiatrice ukrainienne pour les droits de l’Homme Lioudmila Denyssova avait averti : la nouvelle administration de Marioupol avait commencé à mettre en place des plans de russification de l’éducation destinés à être mis en œuvre à la rentrée de septembre : la propagande y ferait évidemment son œuvre. Dans des régions coupées de l’accès à l’information et à Internet, le danger est grand de voir rapidement les enfants reprendre le narratif de Moscou. Et l’on sait que des ouvrages d’histoire ukrainienne ont été détruits dès la prise de ces régions.

Le 4 juillet, Moscou a nommé un « gouvernement » d’occupation pour la région de Kherson, dont Mikhaïl Rodikov, 64 ans, ancien responsable municipal de la région de Moscou puis responsable du département à l’éducation de Sébastopol après l’annexion de la Crimée, a été nommé « ministre de l’Éducation et des Sciences ». Lors de son passage en Crimée entre 2015 et 2018, M. Rodikov a été impliqué dans plusieurs scandales, à la suite de quoi il a été rappelé en Russie.

Selon le Procureur général d’Ukraine, depuis le 24 février, 1 971 écoles ont été endommagées, dont 194 totalement détruites.

Sources : RFE/RL, Lenta.ru, Vedomosti, The Guardian.