Pour la première fois de son histoire récente, l’Arménie diversifie sa politique étrangère et de défense, s’éloignant progressivement de la Russie pour se rapprocher des pays occidentaux. Cet éloignement s’est d’abord traduit par le gel de ses relations avec l’Organisation du Traité de sécurité collective (OTSC) et l'arrêt du versement de sa quote-part à l’organisation. Erevan a également rejoint la Cour pénale internationale (CPI), en dépit de l’opposition russe, et se retire progressivement des organisations où la domination russe est forte, comme l’Union économique eurasiatique (UEE).
Un meeting historique a eu lieu le 5 avril 2024, réunissant le Premier ministre arménien Nikol Pachinian, la présidente de la Commission européenne Ursula von der Leyen, des représentants de pays européens et le secrétaire d'État américain Antony Blinken. Cette rencontre avait pour objectif de mettre en place des coopération économiques, de défense et des échanges diplomatiques, hors de l’influence russe. Ce tournant décisif dans les relations arméno-russes a été précipité par la défaite arménienne face à l’Azerbaïdjan au Haut-Karabagh, marquée par l'absence d'assistance russe. Cette “trahison" de la Russie a fortement terni son image au sein de la société arménienne, alors que, en 2019, 88 % des Arméniens disaient faire confiance à l’allié russe. Ils n’étaient plus que 34 % en 2023.
La Russie conserve néanmoins une influence considérable sur l’économie de l’Arménie, qui lui achète 90 % de son gaz, mais aussi de l'uranium. Afin de réduire cette dépendance, Erevan cherche des fournisseurs alternatifs, notamment via l’Iran.
Ainsi, l'Arménie tente d’élaborer progressivement un nouveau modèle de relations avec la Russie, prenant en compte le processus de paix en cours avec l'Azerbaïdjan et la normalisation des relations avec la Turquie.
Sources : Carnegie, News.az.