Par Céline Bayou (sources : Natural Gas Europe, AzerNews.az, Trend.az, Vestnik Kavkaza)
Après deux mois de négociations entre la compagnie pétrolière publique azerbaïdjanaise Socar et son homologue chinoise, China National Petroleum Corp. (CNPC), un protocole d’accord vient d’être signé, pour un projet de 17 milliards de dollars. Depuis 2002, un accord de partage de production lie les deux partenaires sur l’exploitation de trois gisements pétroliers caspiens (Kursangi, Karabagli et Gobustan), permettant la production annuelle de 200.000 tonnes de pétrole et de 8 millions de m3 de gaz associés.
Il s’agirait désormais d’insérer CNPC dans d’autres projets locaux, notamment l’OGPPC (Oil & Gas Processing and Petrochimical Complex), projet géant qui vise annuellement la production de 12 milliards de m3 de gaz, le raffinage de 8,6 millions de tonnes de pétrole brut et la production de 1,1 million de tonnes de produits pétrochimiques. Ce projet a subi des retards puisqu’il aurait dû être lancé en 2015 et complété à horizon 2023. Mais Socar a mené de longues négociations avec diverses compagnies étrangères et a longtemps hésité quant au partenaire qui l’accompagnerait dans la première phase d’exploitation, évaluée à 7 milliards de dollars. Parmi les candidats, le Japonais Mitsui a échoué à faire valoir ses atouts.
Si Socar confirme bien le contenu du protocole d’accord et le choix du partenariat avec CNPC, cela permettra à la Chine de consolider sa présence sur la rive occidentale de la mer Caspienne. Car CNPC est déjà présente dans plusieurs projets au Kazakhstan, au Turkménistan et en Ouzbékistan.
Il ne faut toutefois pas analyser l’accord entre Socar et CNPC comme un pivot de l’Azerbaïdjan qui tournerait le dos à la Russie. Des négociations sont en cours entre Bakou et Moscou pour le renforcement des livraisons de gaz russe à l’Azerbaïdjan. Socar a demandé début 2016 à Gazprom de lui fournir entre 3,5 et 5 milliards de m3 de gaz sur l’année mais l’accord entre les deux entreprises n’a pas encore été finalisé, les négociations achoppant sur le prix (Socar réclame une baisse de 10 à 15% sur le prix proposé par Gazprom). Le fait que Moscou a récemment fait passer le prix du gaz livré à l’Arménie (passé de 165 dollars/1.000 m3 à 150 dollars) n’a pas échappé à l’attention de Bakou. Fin septembre 2015, la compagnie locale d’importation de gaz AzMeCo a commencé à importer du gaz russe au prix de 160 dollars/1.000 m3, avant d’interrompre les commandes après 22 jours, pour cause de prix trop élevé. En effet, avant Gazprom, c’est Socar qui fournissait du gaz à AzMeCo, au prix de 128 dollars/1.000 m3 mais les capacités en volume de Socar sont moins importantes que celles de Gazprom.