Bélarus : conjectures après le décès du ministre des Affaires étrangères

Le décès du ministre bélarusse des Affaires étrangères Vladimir Makei le 26 novembre, aussi inattendu qu’inexpliqué à ce stade, laisse place aux conjectures. Le ministre âgé de 64 ans, réputé en bonne santé, avait participé cette semaine au sommet de l’Organisation du traité de sécurité collective (OTSC) à Erevan, devait recevoir son homologue russe Sergueï Lavrov les 27 et 28 novembre pour des consultations diplomatiques à Minsk, puis se rendre en Pologne pour une réunion de l’OSCE.

Le peu d’empressement des autorités à communiquer sur les causes de cette disparition (l’hypothèse d’un infarctus est avancée) alimente les rumeurs, alors que nombreux sont ceux qui s’interrogent depuis quelques semaines sur les pressions de Moscou pour que le Bélarus entre au conflit mené par la Russie en Ukraine, sur le maintien au pouvoir du président en exercice Aliaksandr Loukachenka, sur l’état de santé de ce dernier et sur sa relation avec le président russe Vladimir Poutine. Des rumeurs font état d’un empoisonnement et s’interrogent : A. Loukachenka aurait-il souhaité se débarrasser de celui qui aurait pu s’opposer à la participation du pays à la guerre en Ukraine ? Ou bien V. Poutine aurait-il voulu mettre en garde son homologue bélarusse ? Selon certaines sources, A. Loukachenka aurait immédiatement congédié son cuisinier et fait renforcer sa garder rapprochée.

Avec cette disparition, A. Loukachenka perd le plus fiable de ses alliés, à la fois longtemps compatible dans la forme avec les interlocuteurs occidentaux et redoutable stratège au service de l’autocratie de son pays. Diplomate de carrière (il a travaillé quelques années à l’ambassade du Bélarus à Paris), il a occupé le poste de ministre des Affaires étrangères à partir de 2012, soufflant tout à tour le chaud et le froid dans les relations de son pays avec l’Union européennes mais se tenant toujours indéfectiblement au côté du chef de l’Etat et de la Russie. C’est lui qui, fin 2013 à la veille du sommet du Partenariat oriental au cours duquel Bruxelles entendait proposer à quelques pays de l’espace post-soviétique de signer des accords d’association avec l’UE, avait décliné cette offre, rappelé la position d’entre-deux de son pays et appelé à la fin de l’approche confrontationnelle entre Russie et UE qui prenait notamment son pays pour terrain de jeu. Quelques mois plus tôt, il avait affirmé que la Bélarus pourrait procéder à un virage à 180° et commencer son intégration dans l’UE. Huit ans pus tard, il a été l’artisan de l’intégration de son pays à la Russie.

 

Sources : Zerkalo.io, Charter97.org, Ukrinform.net.