Bélarus : l’intégration avec la Russie… mais pas trop

Le président bélarusse, Aliaksandr Loukachenka, a récemment assuré que son pays était « catégoriquement opposé » à l’installation d’une base aérospatiale russe sur son territoire, quand bien même celle-ci serait déployée en réponse à l’accroissement de la présence de l’OTAN en Pologne. Pour le chef de l’État bélarusse, le pays est en mesure d’assumer ses fonctions de défense de manière indépendante et conformément aux prescriptions du Traité de sécurité collective signé avec la Russie. A. Loukachenka assure ne pas voir la nécessité « de la présence d’un autre pays sur le territoire du Bélarus, pas même la Russie ». Il ne s’agit pas tant, selon lui, de prouver la souveraineté et l’indépendance de son pays que, tout simplement, l’absence de nécessité.

Le Président a rappelé qu’en tout état de cause, les avions russes peuvent rejoindre le Bélarus en moins de 5 minutes, temps durant lequel les Forces armées bélarusses sont en mesure d’assurer la sécurité du territoire bien mieux qu’aucun autre pays. En revanche, Minsk pourrait se montrer intéressé par une aide en matière de technologies de missiles, notamment si l’Alliance atlantique « continue de nous intimider avec l’installation de la base américaine Fort Trump en Pologne ou avec toute autre avancée ».

Le porte-parole du Kremlin Dmitri Peskov s’est refusé à tout commentaire après ces déclarations. On avait noté au début de l’automne 2018 une tentative russe de renforcer l’intégration entre les deux pays, mais ces ambitions semblent depuis avoir été revues à la baisse. Le Bélarus n’en demeure pas moins un partenaire important pour Moscou, notamment en termes d’intégration régionale, de transit de fret et d’hydrocarbures, d’accessibilité de l’enclave de Kaliningrad, d’interdépendances économiques diverses ou de risque d’autocéphalie de l’Église orthodoxe bélarusse. En matière de défense, il convient de rappeler que la région centrale de Russie dépend en partie du système de défense installé au Bélarus (station de suivi de lancement de missiles, station de renseignement radioélectrique, centre de communication pour les sous-marins nucléaires).

Sources : UAWire, Belarus Digest, The Jamestown Foundation.