Le président de la Présidence fédérale bosnienne Željko Komšić, connu pour son positionnement europhile et non nationaliste, s’est exprimé le 15 mars 2022 sur la situation en Bosnie-Herzégovine devant la Commission des affaires étrangères du Parlement européen à Bruxelles. Il a expliqué aux députés ses espoirs de rapprochement de la Bosnie-Herzégovine avec l'Occident et ses craintes de voir son pays influencé par des dirigeants et partis nationalistes locaux. Si tel était le cas, la Fédération bosnienne pourrait non seulement avoir grand-peine à évoluer, mais serait susceptible de s'éloigner du modèle démocratique européen, ce à quoi Ž. Komšić ne peut se résoudre.
Pour le président de la Fédération, si elle se réforme pour devenir une union des peuples constitutifs, dépassant les nationalismes et respectueuse des droits de l’homme, la Bosnie-Herzégovine pourra à terme adhérer à l’Union européenne et à l’OTAN. C’est l'avenir que le président Komšić souhaite à son pays, car il permettrait à la société bosnienne de progresser et de prospérer.
Si les dirigeants représentants les peuples constitutifs ne s'engagent pas dans cette voie, la Fédération peut aussi conserver son statut et sa gestion tripartite actuelle (serbe, bosniaque, croate). Ce mode de fonctionnement serait toutefois à l'origine de blocages ponctuels des institutions et encouragerait la corruption. De plus, la société civile bosnienne serait lassée de ce modèle issu des accords de Dayton.
Enfin, la Bosnie-Herzégovine pourrait subir les influences des « mondes russe et serbe », ainsi que l'ingérence croate en Herzégovine, ce qui aboutirait à favoriser des « divisions ethniques artificielles » et, probablement, à l'émergence de conflits. Selon Ž. Komšić, les dirigeants nationalistes Milorad Dodik et Dragan Čović, sont les pièces maitresses du jeu de Vladimir Poutine en Bosnie-Herzégovine. La seule différence d’approche entre ces nationalistes et le Kremlin est que M. Dodik et D. Čović n’essaient pas d'obtenir l’« indépendance » de territoires en utilisant l'agression armée.
Sources : N1 Info, Slobodna Bosna