Serbie : une hostilité bien partagée à l’égard de l’Europe occidentale

Le 17 mars, le rédacteur en chef du quotidien Večernji novosti, Milorad Vučelić, a été invité par l'émission « Bonjour Serbie » diffusée sur Happy TV. Le journaliste a tenu à rappeler que c’est en Europe de l'Ouest qu’ont émergé l'idéologie fasciste et le nazisme ; cette Europe s'était réjouie de la chute des régimes socialistes à la fin des années 1980. Il a poursuivi en dénonçant l'hypocrisie de ces pays à vouloir désormais défendre « les frontières communistes », et plus précisément celles délimitant l'Ukraine et la Russie, alors même que Vladimir Poutine souhaiterait « décommuniser et dénazifier » ces frontières.

Pour le journaliste, l'ensemble des dirigeants européens sont « indignes » de leurs grands prédécesseurs – De Gaulle, Churchill, Schmidt ou Brandt. Ils sont actuellement affairés à « nettoyer les laboratoires d'armes biologiques » ukrainiens « avant qu'ils ne tombent entre les mains des Russes ».Leur vision « eurocentriste » de la géopolitique internationale ne leur permet pas de « comprendre que leurs normes et critères ne sont plus valables » ou de voir que le centre du monde se déplace progressivement vers l'Est. Ainsi, l'Europe occidentale ne serait plus qu'un camp retranché et américanisé, dont le socle commun repose sur une forte opposition à la Russie.

Pour M. Vučelić, l'agresseur dans le conflit Russie-Ukraine n'est pas la Russie et l'Occident est directement responsable de la situation. Les territoires de Donetsk et de Lougansk auraient été attaqués si l'opération spéciale n'avait pas été autorisée par V. Poutine. La puissance passée de l’UE reposait sur le rayonnement de sa culture, de sa civilisation, de ses valeurs, mais elle aurait « perdu cette spiritualité » et une partie de son aura. Enfin, M. Vučelić a accusé les Occidentaux de voir chez les Serbes (qui ne cachent pas leur russophilie), seulement de « petits Russes », et donc des ennemis potentiels.

Cette vision semble bien partagée par une grande partie de l'opinion publique serbe, pour qui le conflit actuel rappelle les douloureux bombardements de Belgrade par l'OTAN de mars à juin 1999 lors de la guerre du Kosovo. Certains voient même en V. Poutine une sorte de Slobodan Milošević russe et un protecteur des États slaves.

Sources : Večernji novosti, Twitter.