Bulgarie : la Défense bulgare en piteux état

Par Stéphan Altasserre (sources : Sega, Focus, Sofia News Agency)

Les effectifs de l’Armée bulgare (terre, mer et air), qui s’élevaient à la fin du 20e siècle à plus de 100.000 personnes, ne comptaient que 51.000 militaires et civils en 2003, après une réduction drastique du budget de la Défense. Désormais, ce ministère emploie à peine un peu plus de 20.000 soldats pour protéger les 110.000 km2 du territoire national et ses 7 millions d’habitants.

Le 24 juin 2017, le vice-Premier ministre et ministre de la Défense Krasimir Karakachanov déclarait à la presse que 5.600 postes de militaires étaient vacants et 30 à 40% des effectifs inadaptés à leurs fonctions, soit pour des raisons médicales, soit par manque d’instruction ou de formation. 6 à 7.000 hommes du rang et officiers pourraient être concernés par cette situation.

Afin de recruter, rénover et moderniser ses armées, le gouvernement bulgare s’est dit prêt à augmenter sensiblement les salaires. Des pourparlers entre K.Karakachanov et le ministre des Finances Vladislav Goranov sont en cours pour améliorer la solde mensuelle. Un simple militaire débute sa carrière avec 608 levs par mois (approximativement 300 euros) soit, à peu de chose près, le salaire minimum bulgare, auquel s’ajoute une prime de 120 levs (60 euros). La solde n’est pas attrayante pour les jeunes gens qui sont peu nombreux à vouloir embrasser la carrière militaire.

Dans ce contexte, selon le Général Kircho Kirov, chef du Service de renseignement militaire, la sécurité nationale de la Bulgarie est gravement menacée et les structures internes ne sont pas en mesure de surveiller de près les personnes en voie de radicalisation. Pour rappel, depuis le début de la crise des migrants en Europe, ce pays accueille de nombreux réfugiés, originaires notamment d’Afghanistan et d’Irak, et les services de sécurité doivent être en mesure d’identifier parmi eux les éléments potentiellement dangereux, tout en analysant dans une optique plus géopolitique les régions du monde susceptibles de faire l’objet de tensions. Or, les capacités d’action de l’Agence d’État de sécurité nationale (DANS) sont grandement limitées par le manque de personnel qualifié.

Ainsi, alors que l’OTAN poursuit sa politique de renforcement de ses positions dans les Balkans, la question se pose de savoir si la Bulgarie est encore en mesure de jouer un rôle notable au sein de l’Alliance.