Pour la 5ème fois en moins de 2 ans, les électeurs bulgares ont réélu leurs députés le 2 avril 2023. Au cours des semaines qui ont précédé le scrutin, plusieurs dizaines de milliers d’expatriés bulgares se sont enregistrés auprès du site web de la Commission électorale centrale bulgare (CIK), afin de faciliter leur vote et de faire ouvrir des bureaux de vote à l’étranger. Cependant, lassés des guerres partisanes et d’une classe politique qui n’arrive pas à s’entendre pour le bien du pays, ils furent moins nombreux que lors des échéances précédentes à faire cet effort de s’inscrire préalablement. Alors que 87 951 personnes s’étaient préenregistrées sur le site de la CIK en vue des élections parlementaires du 11 juillet 2021, ils n’étaient déjà plus que 56 870 à l’avoir fait le 14 novembre 2021, 50 877 le 2 octobre 2022 et seulement 47 389 ce printemps.
Cette démobilisation a également été observée au travers de la diminution du nombre de votants, passé de 225 785 à 175 338 entre le 14 novembre 2021 et le 2 octobre 2022. Le 2 avril, 175 741 ressortissants bulgares ont glissé un bulletin de vote dans une des urnes ouvertes à l’étranger. Ce maintien apparent de la mobilisation électorale entre octobre 2022 et avril 2023 masque toutefois des comportements différenciés en fonction des groupes d’appartenance. Le Mouvement pour les Droits et Libertés (DPS), qui concentre une grande partie du vote de la minorité turque, avait recueilli 54 520 voix en octobre. Ce 2 avril, 62 910 votants l’ont plébiscité, soit une augmentation de 15,4 % des suffrages en sa faveur. Ainsi, ce sont ces votes qui ont permis le maintien général de la mobilisation électorale des expatriés. Cet important vote communautaire implique aussi que l’abstention a gagné du terrain au sein du reste de l’électorat bulgare résidant à l’étranger.
En France, où la minorité turque bulgare est peu nombreuse et se mobilise peu pour les élections, le nombre de votants est passé de 4 010 le 2 octobre 2022 à 3 717 le 2 avril. Cette diminution a été observée dans la plupart des sections électorales : Bordeaux, Marseille, Nantes, Renne, Saint-Nazaire, Strasbourg, Thouars, Toulouse et dans deux des trois bureaux parisiens. Les résultats du vote dans l’Hexagone confirment un soutien massif à l’alliance Nous continuons le changement (PP) et Bulgarie démocratique (DB, 46,8 %), dont l’électorat possède majoritairement une formation universitaire. On note également la percée du parti nationaliste Vazrazhdane (Réveil national, 20,6 %), soutenu par des actifs issus de classes plus populaires. Le GERB (centre droit), qui est pourtant arrivé en tête en Bulgarie avec 26,51 % des voix, a obtenu moins de 11,4 % des votes dans les sections ouvertes en France.
Sources : analyse des données électorales du CIK, communauté bulgare expatriée.
