Choumak, de nature et d’eau fraîche

Choumak, station thermale construite autour d’une centaine de sources d’eau minérale, est située dans les Monts Saïan, dans la république russe de Bouriatie, en Sibérie Orientale.


Cavaliers traversant un cours d'eauLégendes et histoires vraies, colportées par les malades et les curistes venus boire et se baigner à ses sources, ont contribué à sa réputation. Pourtant, bien que les propriétés de ses eaux aient été reconnues dès le XIXe siècle, Choumak demeure une station de cures «sauvage»: contrairement à d’autres sites des Monts Saïan ou du Caucase, où les stations thermales ont fleuri dès les années 1850, les maisons de repos sont encore rares à Choumak, et mieux vaut encore y camper. Désert en hiver, le hameau accueille jusqu’à 2 000 personnes à la belle saison, curistes et randonneurs, venus d’Oulan-Oude et d’Irkoutsk, mais aussi de régions russes plus éloignées, voire de l’étranger, pour un séjour de quelques jours, 100 % nature et eau fraîche.


1. La source de la fertilité © Olga den Besten.
Les malades soignés à Choumak laissent par gratitude divers ex-voto près de la source d’eau qui les a soignés: par exemple, des pièces de monnaies et des petites sculptures en bois, qu’ils ont fabriquées eux-mêmes pendant leur séjour. Chaque source est réputée guérir un mal spécifique, comme les maladies des yeux ou des reins. Cette source-là est réputée guérir la stérilité.


2. « Zimovie » à Choumak © Olga den Besten.
« Maison d’hiver » pour les chasseurs (« zimovie » en russe), cette construction en bois très simple accueille les voyageurs en été, qui sont également autorisés à camper sous la tente.

Choumak est difficilement accessible. Deux moyens de transport pour y accéder : l’un, rapide mais cher, hélicoptère d’Irkoutsk; l’autre, beaucoup plus lent mais aussi plus sportif : la randonnée pédestre.


3. Hélicoptère en provenance d’Irkoutsk en train d’atterrir près de Choumak © Olga den Besten.
Une entreprise privée aurait loué le territoire de Choumak à l’État pour le développer comme zone touristique. Ce projet inquiète les habitués des lieux : la commercialisation de cette station jusqu’ici « sauvage », détériorera-t-elle la nature environnante ? Pour l’instant, le développement a apporté des améliorations: l’entreprise a établi une connexion régulière avec Irkoutsk par hélicoptère, ce qui sert surtout en cas d’urgence, et a organisé la collecte des déchets produits par l’activité humaine, évacués dans les décharges d’Irkoutsk.


4. Vue du col Choumak © Olga den Besten.
Ce col de 2750 m d’altitude est le plus grand obstacle à surmonter sur le chemin qui mène à la station thermale du même nom.
Depuis la ville d’Oulan-Oude, capitale de la Bouriatie, le bus parcourt 500 km pour arriver au terme d’une journée au pied des Monts Saïan. Là commence l'ascension vers les montagnes… Deux jours, sac au dos, dans des paysages variés, d’une beauté époustouflante: d’abord, la taïga avec ses marais et ses petits lacs, puis les rochers et les vallées aux prairies alpestres jonchées de fleurs.


5. « Obo » sur le col © Olga den Besten.
Des rubans colorés marquent un endroit sacré, une tradition bouriate issue du chamanisme.


6. « Oncle Kolia » © Olga den Besten.
Les Bouriates – des habitants locaux de la région – sont traditionnellement de très bons cavaliers. En été, les habitants des villages au pied du Saïan gagnent leur vie en fournissant des chevaux aux touristes et en leur servant de guides.

* Originaire de Bouriatie, Olga den Besten est chercheuse en sciences sociales et journaliste indépendante, basée à Paris.