Croatie : face au déclin démographique, une politique sociale insuffisante?

Avant la Seconde Guerre mondiale, la natalité était élevée en Croatie, où jusqu'à 120 000 enfants naissaient chaque année. Puis, de ce conflit majeur à la guerre d’indépendance (1991), la croissance démographique fut plus modérée, même si le nombre des naissances restait satisfaisant. Les combats du début des années 1990 ayant provoqué de grandes migrations, la Croatie a ensuite connu une période de déclin démographique. Au début des années 2000, le professeur Anđelko Akrap, académicien et démographe, mettait déjà en garde contre l’émigration alarmante de la population, la baisse du nombre de mariages, l’entrée tardive dans le mariage et la diminution du nombre de naissances. En 2001, seuls 40 000 bébés étaient nés en Croatie.

Ce phénomène s’est poursuivi par la suite. Le plus faible nombre de naissance de la dernière décennie (34 000) a été enregistré en 2022, année où plus de 52 000 personnes sont décédées.

Selon l’Office national des statistiques, entre 2011 et 2021, le nombre d’habitants a diminué de 396 360et celui de ménages de 80 615 (-5,31 %). Dans plusieurs comtés, leur nombre a même diminué de plus de 17 % : il s’agit des circonscriptions administratives de Vukovar-Srijem, de Sisak-Moslavina, de Brod-Posavina et de Požega-Slavonia.

Anđelko Akrap estime que l'État croate doit mettre en place une politique sociale et familiale adaptée. Il s’agit de « créer des conditions dans lesquelles il sera possible (aux ménages) d’avoir le nombre souhaité d’enfants : ces conditions comprennent les crèches, les jardins d'enfants et tout ce qui accompagne la prise en charge des enfants dans les familles modernes ». Le démographe cite l’exemple de la France, qui est « beaucoup plus développée que la Croatie, car elle dispose d'une bonne infrastructure, ce qui permet de travailler et d’élever des enfants, et la France a également une meilleure évolution démographique. La situation ici est mauvaise, car nous n'avons pas de politique démographique ». Il dénonce ainsi la situation des femmes actives, qui serait « très mauvaise » en Croatie et ne permettrait pas « une combinaison de qualité entre l’emploi et l’éducation des enfants ».

Les femmes croates travaillent dorénavant plus jeunes et ont principalement accès à des contrats à durée déterminée, ce qui engendre des conditions et une vie très précaires. Dans les pays qui disposent d’une politique démographique moderne, les femmes qui élèvent des enfants sont « discriminées positivement, elles bénéficient donc de certains privilèges ».

Sources : Večernji List, Poslovni.