Depuis plus d’un mois, plusieurs établissements du quartier de la rue Lomonossov à Saint-Pétersbourg ont été fermés, laissant planer une ambiance peu habituelle sur ce quartier réputé pour sa vie nocturne particulièrement animée, sauvage et bon marché.
Il ne s’agit pas de simples fermetures provisoires de bars et boîtes de nuit qui auraient abusé du bruit ou dépassé les horaires autorisés. Vassili Voronine, barman dans l’un de ces établissements, note que les agents de sécurité qui ont récemment effectué une descente dans l’établissement où il travaillait n’étaient pas seuls mais accompagnés d’une représentante du comité d’enquête, laissant entendre que l’affaire était grave.
Depuis début avril, 13 établissements du quartier, dont le Blue Oyster, Central Station, le Rhino Bar et Ice Bar, ont été fermés. Désormais, les clients ne s’en étonnent qu’à peine, habitués aux descentes plutôt musclées des forces de l’ordre.
Barrées de ruban adhésif, les portes des établissements visés sont recouvertes d’avis évoquant une enquête criminelle en cours. Les autorités invoquent des soupçons sur la consommation d’alcool par des mineurs mais les habitués des lieux notent plutôt l’empressement des autorités locales à se préoccuper de la moralité des citoyens et à mettre en œuvre le nouveau conservatisme désormais prôné par les gouvernants. Si certains de ces établissements étaient connus pour être des lieux de rencontres pour la communauté homosexuelle de la ville, leur fermeture ne semble toutefois pas spécifiquement liée à la législation anti-gay adoptée fin 2022.
En début d’année, des bars et des clubs moscovites, notamment Underdog ou La Virgen Taqueria, avaient été la cible de comités d’enquête également, mais ces descentes avaient une claire connotation politique, les consommateurs se voyant parfois menacés physiquement, accusés d’avoir des positions anti-guerre et forcés de reprendre des chants pro-Kremlin.
Les établissements concernés de Saint-Pétersbourg ne semblent pas voués à rouvrir leurs portes dans un futur proche.
Sources : The Moscow Times, chaîne Telegram Dymskay-livy.