D #44 Edito : acteurs de l’Histoire

A la veille de l'adhésion à l'Union européenne de la Bulgarie et de la Roumanie, actée pour le 1er janvier prochain, l'engouement de l'élargissement de 2004, réalisé sur fond de réconciliation historique, n'est plus de mise.


Paralysée par des réformes institutionnelles qui tardent et par le "non" de certains pays au traité constitutionnel, l'UE s'engage dans ce nouvel épisode dans un contexte de relative léthargie.

Reste que cette adhésion propose à l'UE d'intéressantes perspectives géographiques et économiques: un nouveau voisin (Moldavie), une nouvelle mer (mer Noire), soit une extension maritime vers l'Est qui ne devrait laisser la Russie insensible. Avec, en toile de fond, la sempiternelle question des futurs élargissements, notamment aux pays de l'Europe du Sud-Est.

Si la Bulgarie et la Roumanie se débattent toujours avec d'encombrants dossiers tels que la corruption, la réforme de la justice ou l'environnement, ces deux Etats, qui seront, et de loin, les plus pauvres des nouveaux membres, ont réussi leur pari. A nous aujourd'hui de proposer nombre d'éclairages : que pensent les intellectuels, la classe politique et la société civile de la Bulgarie et de la Roumanie? Cela a-t-il influencé les consultations électorales? Quelles seront les premières conséquences économiques et sociales de cette adhésion?

Enfin, nul doute que cette adhésion aura le mérite de relancer le débat sur la nécessité d'enclencher ou non une profonde réforme de l'UE. Ces deux pays deviendront logiquement les nouveaux faire-valoirs des eurosceptiques comme des pro-européens pour défendre chacune des causes. Mais quelles que soient les critiques et louanges apportées au débat, l'élément essentiel se situe ailleurs. Aujourd'hui, nos amis Bulgares et Roumains ont rendez-vous avec l'Histoire. Ce dynamisme foudroyant, inhérent à tout pays en plein développement, où le manque de temps se révèle être la principale contrainte, les propulse à un statut d'acteurs. Ce sont eux, les "douze" qui façonneront l'Histoire européenne et laisseront les "vieux Européens" cantonnés à un rôle d'observateurs.