Dans le contexte de l’invasion de l’Ukraine et des tensions entre Moscou et l’Occident, la propagande russe a significativement augmenté en Bulgarie et dans plusieurs pays est-européens depuis 2022. L’influence de Moscou contribue à orienter l’opinion publique, notamment les citoyens les moins instruits et les plus à l’écoute des réseaux sociaux. Cette empreinte est encore plus perceptible depuis les récents propos du Président français concernant le fait de ne rien exclure, dont l’envoi de troupes, les réponses belliqueuses de Vladimir Poutine et surtout l’attentat commis le 22 mars dans une salle de concert près de Moscou et ayant entraîné la mort d’au moins 140 personnes.
En effet, une partie croissante de la population est-européenne non russe semble réceptive au discours du Kremlin impliquant les Occidentaux et l’Ukraine dans l’organisation de cet attentat. Parmi eux, on trouve de nombreux membres des communautés roms bulgare, serbe et moldave. Les intéressés, régulièrement victimes de persécutions au cours des derniers siècles, sont d’un naturel méfiant. Souvent moins instruits que le reste de la population, ils se montrent plus sensibles aux discours complotistes et adhérent plus facilement au discours de Moscou et d’un régime qui leur rappelle l’époque socialiste, dont ils se souviennent comme d’une période où le système cherchait davantage à les intégrer. Cette sensibilité, visible au sein de la communauté rom vivant dans ces pays de l’Est, se retrouveaussi chez les expatriés de cette même minorité qui vivent et travaillent dans des pays d’Europe de l’Ouest, tels que l’Allemagne, l’Espagne ou la France.
Ainsi, à la fin du mois de mars, à l’occasion d’échanges dans des lieux de rencontres communautaires ou sur les réseaux sociaux, beaucoup rendaient compte d’une certaine fébrilité et de craintes vis-à-vis de l’éventuel déclenchement d’une guerre entre la Russie et l’Occident. À Moissac, l’une des localités où vivent à l’année plusieurs centaines de Bulgares de la communauté rom, plusieurs chefs de famille ne cachaient pas leurs inquiétudes. Ils dénonçaient les propos du Présidents français comme trop belliqueux et exprimaient leurs craintes face à la réaction de la Russie, puissance nucléaire. Ils voyaient par ailleurs dans l’organisation de l’attentat du 22 mars l’ombre des États-Unis, accusant Washington d’avoir financé les auteurs du massacre. De leur propre aveu, leurs lectures sur le web et les échanges sur les réseaux sociaux (principalement avec des membres de leur communauté) les conduisaient à justifier les décisions de Moscou dans son conflit à l’égard de l’Occident, preuve que la propagande russe s’avère particulièrement efficace auprès de ces communautés expatriées qui forment un microcosme évoluant en marge de leur société d'accueil.
Sources : Entretiens avec des membres de la communauté rom, veille sur les réseaux sociaux.