Si la présidente estonienne Kersti Kaljulaid et le Premier ministre Jüri Ratas, notamment, ont rapidement félicité Joe Biden pour son élection à la présidence des États-Unis et se sont réjouis de ce changement, l’ancien président Toomas Hendrik Ilves, lui aussi ravi de la perspective de ce changement de ton dans la politique américaine, a toutefois apporté une note un peu dissonante au regard de la posture de l’Estonie.
Pour lui, l’accession de J. Biden à la présidence de la première puissance mondiale est en effet une bonne nouvelle pour son pays, mais pas pour le gouvernement estonien : dans une interview accordée au média ERR, T. H. Ilves note que les remarques racistes et sexistes de certains membres du gouvernement (en l’occurrence, les représentants du parti d’extrême droite EKRE, membre de la coalition) ne devraient pas inviter le futur Président à établir des relations étroites avec Tallinn. Et l’ancien Président de souligner l’intérêt porté par J. Biden aux relations transatlantiques, à l’Europe et, plus spécifiquement, à l’Europe de l’Est.
« Je ne suis pas convaincu que les Américains vont entretenir une relation étroite avec ce gouvernement. Peut-être la population estonienne n’a-t-elle pas réalisé à quel point le langage utilisé par le gouvernement est inacceptable », a souligné T. H. Ilves, jugeant par ailleurs que c’est le gouvernement tout entier qui porte la responsabilité de ce que disent ses membres. Pour lui, le mal est fait et l’Estonie apparaît désormais comme regroupée avec la Pologne et la Hongrie, parmi les trublions de l’Europe : « C’est ce que voulait le gouvernement, ne pas être un pays nordique. »
La politique étrangère de J. Biden devrait largement différer de celle de son prédécesseur, selon T. H. Ilves. Notamment à l’égard de la Chine, à l’égard de laquelle Washington pourrait afficher plus de fermeté. De façon générale, les États-Unis devraient prendre leurs distances avec les dictatures, selon l’ancien Président.
Le vice-président du Comité des affaires étrangères du Parlement estonien, Marko Mihkelson (Parti de la réforme) a également noté que la victoire de J. Biden ne devait pas réjouir la totalité du gouvernement estonien. Il s’est désolé du fait que la relation de l’Estonie avec les États-Unis puisse autant dépendre de la personnalité installée à la Maison Blanche.
Le ministre de l’Intérieur, Mart Helme (EKRE), a quant à lui déclaré que J. Biden avait été élu par « l’État profond » et que lui et son fils étaient des « personnages corrompus ». Avec son propre fils Martin Helme, ministre des Finances, il estime que les résultats annoncés de l'élection américaine sont "falsifiés". Ce qui a provoqué la fureur du Premier ministre J. Ratas.
Globalement, la classe politique estonienne a dit sa satisfaction après la confirmation de l’accession au pouvoir de J. Biden, qui lève l’hypothèque que faisait peser D. Trump sur le maintien des États-Unis au sein de l’OTAN.
Sources : ERR.ee, Postimees, Estonian World, Delfi.