Géorgie : des activistes russes arrêtés pour ‘trafic de stupéfiants’, un coup monté?

Anastasia Zinovkina et Artiom Griboul, qui auraient quitté la Russie après l’invasion d’ampleur de l’Ukraine et seraient arrivés à Tbilissi à l’été 2024, ont été arrêtés le 17 décembre 2024 après qu’un inspecteur de police, Jemal Mirazanashvili, aurait reçu des informations concernant leur implication dans un réseau de trafic de stupéfiants. Ils sont accusés de possession de stupéfiants dans l’intention de vendre après que la police eut trouvé 16 grammes d’Alpha PVP (aussi connue sous le nom de Flakka) sur eux. Ils sont connus pour avoir participé aux manifestations contre le régime de V. Poutine ainsi qu’à celles contre le nouveau gouvernement géorgien, qui secouent le pays depuis fin octobre 2024.

Les accusés réfutent les allégations à leur encontre et leur avocat, Shota Tutberidze, relève plusieurs irrégularités dans l’enquête dont ils font l’objet. Ainsi, l’horaire de leur arrestation ne coïncide pas avec les rapports établis ; aucune tentative n’a été faite pour remonter le réseau de trafiquants, comme c’est généralement le cas dans des affaires similaires ; les stupéfiants ont été trouvés après la saisie des affaires des activistes (et non sur eux lors de l’arrestation) ; enfin, des problèmes concernant les images de caméras embarquées ou de vidéo-surveillance sont à relever.

A. Zinovkina a également indiqué avoir été victime de harcèlement sexuel lors de son arrestation et de sa détention. Elle aurait été fouillée par un homme (ce qui est illégal puisque la fouille doit être conduite par une personne de même sexe) qui lui aurait touché les parties génitales en déclarant qu’il « la punirait avec cette partie de son corps» si elle bougeait.

Ce n’est pas la première affaire de ce type en Géorgie. En février 2025, Transparency International-Géorgie a accusé la police d’avoir piégé trois autres personnes avec de la drogue, pratique que l’on pensait révolue depuis la fin de la période soviétique, toutes arrêtées lors des manifestations d’opposition au gouvernement. Un autre citoyen russe, Anton Chechine, avait notamment été arrêté deux semaines plus tôt à Tbilissi, le 3 décembre 2024, pour détention d’Alpha-PVP. Il est connu pour avoir participé aux manifestations de soutien à Alexeï Navalny et avoir gagné son procès contre la Fédération de Russie auprès de la Cour européenne des droits de l'Homme. D’autres formes d’intimidation envers les manifestants sont utilisées par le régime, notamment des licenciements pour raisons politiques.

La prochaine audition d’A. Zinovkina et A. Griboul est prévue le 24 février au tribunal de Tbilissi. En cas d’inculpation, les accusés risquent de 8 à 20 ans de prison. Contactés par Publika, le procureur de l’affaire, Nugzar Chitadze, et le service de presse ont refusé de commenter.

Sources : OC-media.org, Publika.ge