Le 13 janvier 2021, le gouvernement britannique a annoncé qu’il prolongeait d'un an son programme pilote pour l’emploi de travailleurs saisonniers agricoles étrangers, établi en concertation avec les syndicats et associations agricoles. Ainsi, 30 000 visas supplémentaires seront accordés à des ressortissants étrangers pour travailler dans les fermes britanniques. Ce surplus de main-d’œuvre contribuera à assurer l’approvisionnement des Britanniques en produits frais de qualité après le Brexit.
Mais, dans le même temps, le gouvernement a précisé qu’une hausse importante du prix du visa sera appliquée pour les travailleurs de nationalité roumaine, bulgare, estonienne, lituanienne et slovène. Ainsi, alors qu’un Macédonien s’acquittera d’un montant de 55 livres (56 euros) pour obtenir son visa, un Roumain ou un Bulgare en verseront 244 (274,5 euros), soit une fortune pour les intéressés. Le ministère britannique de l’Intérieur a motivé cette décision par la non-ratification par ces cinq pays de la Charte sociale du Conseil de l’Europe (CESC) de 1961.
En fait, nul n’ignore que ce sont en réalité les saisonniers roumains et bulgares qui sont visés par cette mesure. En effet, Londres souhaite diminuer sa dépendance à l’égard de la main-d’œuvre originaire de Bulgarie et de Roumanie : en 2019, la quasi-totalité des travailleurs agricoles étrangers au Royaume-Uni étaient originaires de ces deux pays et, en 2020, avec le départ d’une partie d’entre eux en pleine crise sanitaire, les fermes de Grande-Bretagne se sont retrouvées en pénurie de main-d’œuvre.
Désormais, les candidats à un emploi de saisonnier devront non seulement présenter un certificat de parrainage émanant d'un employeur britannique, mais également se rendre dans un centre de demande de visa pour la prise de leurs empreintes digitales et la remise d’une photographie auprès du partenaire commercial du gouvernement britannique, Taylor Hampton Solicitors (TLS). Selon Nelli Shevchenko, responsable immigration chez TLS, le programme pilote du gouvernement britannique permet de lutter efficacement contre l'exploitation par le travail, voire l’esclavage moderne des ouvriers étrangers non anglophones en ne les autorisant à travailler qu’auprès d’exploitants déclarés. Les candidats étrangers à un emploi de saisonnier devront également prouver qu'ils disposent de suffisamment d'argent pour subvenir à leurs besoins (au moins 1 270 livres, soit 1 429 euros) en présentant un relevé bancaire. Cela exclut les travailleurs les plus défavorisés, non bancarisées, tels qu’une partie des membres de la communauté rom, originaires de Roumanie et de Bulgarie.
Sources : Emerging Europe, Darik, Dnes, CIReB, entretien avec des saisonniers agricoles bulgares travaillant à l’étranger.