Cela fait plusieurs jours que l’opposition manifeste en Hongrie pour protester contre la réforme du droit du travail engagée par le gouvernement. Aux termes de la nouvelle législation, adoptée le 12 décembre 2018, les employeurs pourront demander à leurs salariés d’effectuer jusqu’à 400 heures supplémentaires de travail chaque année (contre 250 heures jusqu’ici), payables dans un délai de trois ans, ce qui vaut au texte d’être qualifié de « droit à l’esclavage » par ceux qui le dénoncent. Ces derniers auraient plutôt souhaité voir adopter le principe d’une hausse du salaire minimum mais le Premier ministre Victor Orbán, lui, argue du droit à travailler plus pour gagner plus.
Le 14 décembre, près de 3 000 personnes se sont rassemblées devant le Parlement à Budapest. L’échange entre manifestants et policiers s’est traduit par des jets divers contre des gaz lacrymogènes. Plutôt jeunes, les manifestants se revendiquent de tout le spectre de l’opposition et, fait inédit, ses différentes tendances (des socialistes au mouvement Momentum en passant par le Jobbik ou les partis de la Coalition démocratique) semblent prêtes à unir leurs voix pour protester contre la nouvelle législation. Pour Anna Donáth, vice-responsable de Momentum, le gouvernement a « dépassé les bornes » avec ces amendements à la loi sur le travail, ce qui justifie des actions solidaires entre tous les partis et groupes sociaux. Pour Andrea Varga, du parti conservateur Jobbik, ce « gouvernement de despotes » doit démissionner, alors que V. Orbán, Premier ministre « entouré de Raspoutines » pourrait à tout moment envoyer la police et l’armée contre le peuple.
Le mouvement pourrait s’étendre à d’autres villes : à Pécs par exemple, les manifestations ont été importantes également, appelant à « détruire le château de cartes érigé par le gouvernement ». L’opposition annonce une manifestation monstre à Budapest, dimanche 16 décembre.
C’est la première fois qu’autant de manifestants semblent mus par un tel rejet du Premier ministre. Certains protestataires ont scandé pendant la dernière manifestation « Orbán, tire-toi ! ». Une cinquantaine de personnes ont été interpellées au cours des journées des 13 et 14 décembre, et une quinzaine de policiers auraient été blessés. Pour le pouvoir, les manifestants sont des délinquants et des vandales « à la solde de Soros », le fameux milliardaire américain d’origine hongroise qui fait l’objet d’une vaste campagne de discrédit de la part des autorités depuis quelques années.
Sources : DailyNews Hungary, Hungary Today, BBC News.