Depuis l’indépendance, les autorités kosovares rêvaient de former une armée nationale, capable de les protéger de tout acte hostile potentiel de la part du voisin serbe. Le 14 décembre 2018, 107 des 120 parlementaires du Kosovo – qui n’a pas été reconnu en tant qu’État indépendant par cinq des États membres de l’Union européenne (Chypre, Espagne, Grèce, Roumanie, Slovaquie) – ont voté en faveur de la création d’une armée kosovare, malgré les réserves de l’UE et d’une partie des cadres de l’OTAN. Il s’agit en fait de la transformation de la force de sécurité du Kosovo, soit 3 000 soldats légèrement armés, en une armée de 8 000 hommes (composée de 5 000 militaires actifs et de 3 000 réservistes). L’ambassadeur des États-Unis en résidence à Pristina a ouvertement soutenu l’initiative du gouvernement et du parlement kosovars, un fait dénoncé par Belgrade.
Ce vote survient après une escalade verbale entre la Serbie et le Kosovo, un conflit douanier serbo-kovovar et une réunion des gouvernements albanais et kosovar dont le mot d’ordre était « un peuple, une langue, un rêve », organisée à Peja le 26 novembre 2018.
Les autorités serbes, se sentant soutenues par Moscou, n’ont pas caché leur préoccupation à la suite de ce vote. Pour le Président Aleksandar Vučić, qui a prévu d’inspecter les troupes serbes frontalières avec le Kosovo du 15 au 17 décembre, le droit international « ne donne pas le droit » au gouvernement du Kosovo de « former une armée », une initiative dont il impute également la responsabilité à Washington, allié historique de Priština. Il est vrai que le camp Bondsteel (Kosovo) est une base américaine accueillant jusqu’à 7 000 soldats américains. Dans ce contexte, Belgrade dit craindre que les populations des enclaves serbes du Kosovo ne soient plus protégées, même si 4 000 soldats internationaux de la KFOR y sont encore déployés. La Première ministre serbe, Ana Brnabić, a déclaré espérer que la Serbie « n’aura jamais à mobiliser l’armée » pour assurer leur protection, alimentant ainsi la crainte d’une action militaire serbe dans le nord du Kosovo.
Sources : Bota Sot, Albinfo, New York Times, Euobserver.