Hongrie : Péter Magyar, la contestation prend la rue

Des dizaines de milliers de personnes défilent désormais régulièrement dans la capitale hongroise derrière Péter Magyar, devenu en quelques mois le visage d’une opposition rassemblée et confiante. Après quinze ans de domination du Fidesz, l’ancien haut fonctionnaire, fondateur du parti Tisza (Tisztelet és Szabadság Párt, « Respect et Liberté »), incarne aujourd’hui l’espoir d’un renouveau politique.

Ces rassemblements impressionnent par leur ampleur et leur ferveur. À Budapest, Debrecen ou Szeged, les cortèges mêlent jeunes, retraités et cadres du secteur public. La diversité des slogans – en faveur de la transparence, de l’État de droit, de l’accès aux fonds européens… – témoigne d’un mécontentement qui dépasse les clivages partisans. P. Magyar promet de « réconcilier » la Hongrie avec l’Union européenne et de restaurer une gouvernance fondée sur la responsabilité et la compétence.

Face à cette nouvelle pression, le gouvernement de Viktor Orbán, lui, dénonce un mouvement « télécommandé par Bruxelles », semblant ignorer que la rue exprime un ras-le-bol social et économique inédit. L’inflation élevée, la stagnation du pouvoir d’achat et les difficultés industrielles fragilisent la popularité du Premier ministre. Péter Magyar capitalise sur cette lassitude, tout en se présentant comme un patriote pragmatique plutôt qu’un idéologue.

Pour ses partisans, il incarne une alternative crédible : un homme issu du système mais décidé à le transformer. Son ton modéré et son discours anticorruption séduisent un électorat urbain lassé des excès de polarisation. Sa capacité à mobiliser sans outrance a surpris jusqu’aux cercles du pouvoir. Son mouvement s’est structuré autour d’un message simple : « Redonner confiance dans l’avenir. »

À six mois des élections législatives d’avril 2026, la Hongrie entre dans une phase politique inédite. Péter Magyar a réussi ce qu’aucune autre figure de l’opposition n’avait accompli depuis 2010 : faire descendre la société hongroise dans la rue au nom du changement.

Sources : Északhírnök, Substack, Euronews.