Kazakhstan : réduire le contournement des sanctions contre la Russie?

Soupçonné de participer au contournement des sanctions adoptées par les pays occidentaux à l’encontre de la Russie depuis son invasion de l’Ukraine, le Kazakhstan vient d’annoncer qu’il introduirait à partir du mois d’avril un système de traçage en ligne des marchandises entrant et sortant du pays. En effet, depuis plus d’un an, les entreprises kazakhstanaises auraient largement contribué à alimenter le marché russe en produits de haute technologie, affaiblissant d’autant les effets recherchés par l’Ouest dans le but d’isoler la Russie. Pour Astana, il s’agit donc de donner des gages à l’Ouest.

Pour le pays, la marge de manœuvre est étroite : Astana ne s’est en effet pas engagé à appliquer les sanctions contre la Russie, ne souhaitant pas s’annihiler un partenaire important économiquement et politiquement. Pour autant, le pays ne souhaite pas apparaître comme une plateforme de contournement des sanctions, ce qui aurait des conséquences sur ses relatons avec l’Europe et les États-Unis, partenaires eux aussi importants au regard de la stratégie multivectorielle prônée par Astana.

Le sujet avait été évoqué avec le ministre kazakhstanais des Affaires étrangères Moukhtar Tleurberdi par le Secrétaire d’État américain Antony Blinken lors de sa visite au Kazakhstan début mars. M. Tleuberdi avait rappelé que son pays avait des liens historiques tant avec la Russie qu’avec l’Ukraine, tandis qu’A. Blinken n’excluait pas de recourir à des sanctions secondaires (ce qui a été fait par les États-Unis à l’encontre d’une entreprise ouzbèke).

En un an, les exportations kazakhstanaises vers la Russie ont augmenté de 25 % globalement ; celles de semi-conducteurs, en particulier, sont passées de 12 000 $ à 3,7 millions de $ (2022). D’après la BERD, le commerce intermédiaire est en plein essor, grâce à des schémas d’exportations occidentales vers les pays d’Asie centrale et du Caucase, puis de réexportations de ces pays vers la Russie.

Le traçage des marchandises circulant entre Kazakhstan et Russie n’est évidemment pas chose aisée (les deux pays partagent une frontière de 7 600km).

Sources : Eurasianet.org, Bloomberg, Trade Data Monitor, Forbes.kz.