L’un des dix premiers producteurs de blé du monde, le Kazakhstan vient d’annoncer qu’il limitait à partir du 15 avril et pour au moins trois mois ses exportations de blé et de farine à respectivement 1 million de tonnes et 300 000 tonnes. C’est une nouvelle catastrophique pour les pays voisins d’Asie centrale, qui comptent sur ce pays pour 90 % de leurs importations de blé.
Le Kazakhstan est lui-même le premier importateur de blé russe au sein de l’Union économique eurasiatique (UEE, qui réunit Russie, Kazakhstan, Kirghizstan, Bélarus et Arménie). Ce blé est peu cher pour le Kazakhstan qui le consomme pour partie et le réexporte pour une autre partie. Or, la Russie, premier exportateur mondial de blé, a elle-même suspendu en mars toute exportation de blé, seigle, orge et maïs jusqu’au 30 juin prochain, notamment vers les pays partenaires de l’UEE. Il s’agit pour Moscou de protéger son propre marché face aux contraintes extérieures (id est le contexte de sanctions occidentales).
Le vice-ministre kazakhstanais de l’Agriculture, Aidarbek Saparov, a déclaré que l’embargo russe obligeait les minotiers du pays à se tourner d’urgence vers les fournisseurs nationaux, qui vendent leurs récoltes à un prix plus élevé. D’autant plus que les prix mondiaux du blé ont considérablement augmenté depuis le début de la guerre en Ukraine (elle-même producteur essentiel de blé et de maïs).
Si les mesures de restriction se poursuivent, une famine pourrait être à craindre en particulier au Tadjikistan, pays le plus pauvre d’Asie centrale et qui achète annuellement 1 million de tonnes de farine au Kazakhstan (soit 94 % de ses importations de céréales). L’Ouzbékistan devrait être également déstabilisé : le pays est le premier client pour les céréales du Kazakhstan. Tachkent achète 34 % de sa consommation de farine, en majorité auprès de ce fournisseur. D’avril à juillet, le pays prévoyait d’importer 600 000 tonnes de blé, alors que sa propre récolte devrait être modeste cette année. Le Kirghizstan, quant à lui, fait venir du Kazakhstan 40 % du blé qu’il importe, son principal fournisseur étant la Russie. Il avait déjà commencé à réduire ses importations en provenance du Kazakhstan en raison de prix trop élevés.
Sources : RFE/RL, Eurasianet.org, world-grain.com.