Lituanie : des prêtres orthodoxes licenciés pour avoir critiqué la guerre en Ukraine

Le Métropolite Innokentiy, chef de l’archidiocèse orthodoxe de Lituanie, a licencié trois prêtres de l’Église qui s’étaient exprimés contre la guerre menée par la Russie en Ukraine. Vitalijus Mockus, Gintaras Jurgis Sungaila et Vitalis Dauparas ont été démis de leurs fonctions, et les deux derniers ont été suspendus de tout service actif au sein de l'Église. Gintaras Jurgis Sungaila affirme qu’ils avaient bien reçu l’ordre de ne pas évoquer cette guerre : « Lorsque la guerre a éclaté le 24 février, il y a eu un certain silence de la part des dirigeants de l’Église. On a demandé aux prêtres de ne pas parler de la guerre et de la situation en Ukraine en général. » Il précise que, début mars, lors d’une réunion du clergé, quelques prêtres avec lui ont signé un appel affirmant que, puisque le Patriarche Kirill de Moscou soutenait la guerre, ils considéraient qu’ils ne pouvaient plus le désigner comme leur père. Et que, si on les obligeait à le faire, alors ils partiraient.

V. Mockus, qui était par ailleurs porte-parole de l’Archidiocèse, a exprimé à plusieurs reprises sa condamnation face à l’agression russe et à la décision du Kremlin d’envahir l’Ukraine. V. Dauparas a été le premier des trois à condamner directement le Patriarche Kirill pour son soutien actif à la guerre et à se retirer du service actif au sein d’une Église qui continuait de promouvoir le « monde russe » défendu par Kirill.

Dans un premier temps, le Métropolite Innokentyi a autorisé les prêtres réfractaires à ne plus citer le nom de Kirill durant la liturgie. Lui-même s’est livré jusque fin mars à des déclarations sans ambiguïté évoquant sa prise de distance avec Kirill en raison de cette guerre. On a pu penser un moment que l’Archidiocèse lituanien allait s’émanciper de la tutelle de Moscou : « Nous vivons dans un pays libre et démocratique. La Lituanie n’est pas la Russie. C’est une société, un pays différents, avec sa propre spiritualité et sa propre identité morale », déclarait-il le 18 mars ; « Même si nous sommes une minorité, avec environ 3 000 pratiquants seulement dans toute la Lituanie, les Chrétiens orthodoxes y sont une part intégrale de la société, des citoyens de leur pays qui pratiquent librement leur religion. » Et de rappeler que l’Église orthodoxe de Lituanie avait soutenu le peuple lorsque celui-ci avait lutté pour l’indépendance du pays.

L’Église lituanienne a-t-elle subi des pressions depuis Moscou ? Toujours est-il que les trois prêtres ont été licenciés brutalement. Pour G. Sungaila, l’archidiocèse orthodoxe de Lituanie a toujours le choix de faire sécession de l’Église orthodoxe russe. Désormais, le site ortodoksas.lt collecte des dons pour soutenir les prêtres licenciés.

Sources : Lrt.lt, OrthodoxTimes.com, ortodoksas.lt.