La lente intégration des familles turques bulgares de Toulouse

Depuis 2007, des milliers de ressortissants bulgares originaires du district de Pazardzhik ont migré dans le reste de l’UE, notamment en Allemagne, en Grande-Bretagne, en Espagne, en Belgique et dans le sud-ouest de la France, où vivent désormais en particulier des familles issues de la minorité turque. Un des représentant de la communauté y possède d’ailleurs deux épiceries distribuant des produits balkaniques (des commerces implantés rue Bayard et avenue de Muret). Ces lieux de vie sont fréquentés par nombre de leurs compatriotes (Turcs, Slaves ou Roms), ainsi que par d’autres ressortissants est-européens. Au fil des années, le nombre de ces familles s’est progressivement accru et les primo-arrivants ont fait venir auprès d’eux leurs proches.

Selon les observations réalisées en novembre 2020 par le Centre d’informations et de recherches sur les Balkans, les membres de cette minorité sont un peu moins de 400 à vivre dans la ville rose. La majorité d’entre eux (150 à 200 individus, soit une trentaine de familles) est installée dans les quartiers nord de la métropole régionale, bien que l’on trouve également des gens de cette communauté dans le secteur du Grand Mirail. Il s’agit notamment de personnes originaires de villages situés dans l’arrière-pays de la ville de Septemvri (district de Pazardzhik).

Elles vivent souvent entassées dans des appartements loués à des bailleurs privés. À l’instar des expatriés de la communauté turque anatolienne, seuls les hommes travaillent. En effet, les femmes par tradition sortent peu du domicile, où elles sont chargées d’y accomplir les tâches ménagères. Ce mode de vie se perpétue grâce aux salaires confortables obtenus par les chefs de familles, tous maçons ou façadiers de métier. Ils partent en début de matinée à bord de fourgonnettes et de camionnettes pour rallier leurs chantiers. Les enfants âgés de moins de 16 ans sont tous scolarisés mais, à partir de cet âge pivot, ils abandonnent l’école pour la vie active. Ils accompagnent alors leur père sur les chantiers de construction. Ils deviennent ainsi de « bons partis » aux yeux des jeunes femmes de la communauté. Le traditionnel jeu des alliances maritales intracommunautaires se poursuit donc.

Si leur implantation est souvent mal vécue par le voisinage direct, ces familles ont peu à peu évolué socialement au cours des années 2010, semblant progressivement s’adapter au mode de vie local et sont moins fréquemment l’objet de plaintes pour nuisances sonores.

Sources : CIReB, entretiens avec des membres de la communauté bulgare de Toulouse et leur voisinage.