Le 1er janvier 2025, la rédaction de Slobodna Bosna a demandé au politologue Davor Gjenero (consultant indépendant) son analyse des « turbulences politiques » ayant affecté les Balkans occidentaux au cours de l’année 2024. Pour le spécialiste, la Bosnie-Herzégovine fut le pays de la région le plus soumis à des tensions. Les principales raisons en sont les sanctions internationales visant Milorad Dodik, le président de la République serbe de Bosnie-Herzégovine (RS) proche du Kremlin, l’adoption de la Déclaration du Parlement panserbe par les Assemblées de Serbie et de RS ou encore les pressions de Dragan Čović, le leader du HDZ BiH, pour que la gestion du projet d’interconnexion entre les systèmes gaziers de Bosnie-Herzégovine et de Croatie soit confiée à une nouvelle société appartenant à la Fédération de Bosnie-Herzégovine, dont le siège serait à Mostar. L’action du HDZ dans ce dossier ralentit un projet qui pourrait libérer la Bosnie-Herzégovine de sa dépendance au gaz russe et mécontente fortement Washington.
Ce contexte régional est inquiétant car, selon D. Gjenero, « la clé de la stabilité des Balkans n’est pas la Serbie, que la communauté internationale cherche à préserver, mais la Bosnie-Herzégovine » et les pays occidentaux semblent ne pas l’avoir compris. Face à la « rhétorique agressive de plus en plus ouverte du régime autoritaire de Belgrade », les partenaires euro-atlantiques ne montreraient pas assez de fermeté, ne remarquant pas que « l’agressivité du régime autoritaire d’Aleksandar Vučić ne cesserait de croître » et serait désormais semblable au régime de Slobodan Milošević. De plus, la Serbie est également « mal à l’aise avec la jurisprudence du Tribunal international pour les crimes de guerre dans l’ex-Yougoslavie » qui a reconnu la culpabilité du « para-État serbe de Bosnie et de ses formations armées », établissant dans le même temps la responsabilité de la Serbie dans ces événements, des éléments que Belgrade cherche à minimiser.
Ces observations font dresser au politologue un état pessimiste de la situation régionale actuelle, qui pourrait toutefois évoluer favorablement si les différents acteurs font les efforts nécessaires. Ainsi, pour améliorer la stabilité de la région, plusieurs facteurs doivent être réunis : la construction de systèmes politiques démocratiques, la libre circulation des personnes et des biens permettant le libre-échange, la protection des frontières nationales et la construction de relations mutuelles entre États fondées sur la coopération.
Sources : Slobodna Bosna, Standard.