«Les ONG inquiètes de l’absence des minorités sexuelles dans le Programme national en faveur de la tolérance»

Article tiré du site www.delfi.lv, principal portail d’information généraliste en Lettonie, le 26 février 2007. Il illustre le rapport de force qui se joue entre les associations de défense des droits de l’homme et le gouvernement sur la question de l’intégration des minorités sexuelles dans le Programme national en faveur de la tolérance. Ce point apparemment technique reviendrait en fait à reconnaître un statut de victime aux minorités sexuelles –au même titre que les victimes de racisme- et impliquerait donc l’obligation, pour l’Etat, de les protéger.

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Plusieurs représentants d'organisations non gouvernementales, dont l'association de défense des droits des gays et des lesbiennes Mozaïka, ont adressé une lettre au Premier ministre Aigars Kalvitis, dans laquelle ils font part de leur préoccupation quant au retard pris dans l'adoption des modifications prévues au Programme national en faveur de la tolérance.

L'association Mozaïka, qui lutte en faveur des droits des gays, lesbiennes, bisexuels et transsexuels, des représentants des portails «politika.lv» et «dialogi.lv», ainsi que plusieurs dizaines de personnes privées ont signé cette lettre ouverte, considérant comme une nécessité que soit modifié le Programme national en faveur de la tolérance, en y intégrant un nouveau groupe cible, les minorités sexuelles, dans la mesure où un aspect fondamental en matière de droits de l'homme se trouve ainsi mis en cause.

«Nous considérons que, dans le cas où des personnes en Lettonie seraient victimes de violences morales ou physiques de la part d'organisations extrémistes, l'absence d'actions en matière de promotion de la tolérance rendrait le gouvernement en exercice également responsable; celui-ci serait contraint d'apporter des arguments en conséquence et de rendre des comptes à l'opinion publique internationale», affirment les auteurs de la lettre.

Les porte-parole des associations expriment le souhait que la Lettonie reste «un État laïc, où il n'est pas possible qu'un gouvernement se soumette aux opinions des représentants d'organisations extrémistes et religieuses, et ne tiennent nul compte du point de vue d'autres groupes sociaux.»

Ils considèrent également que les protestations exprimées contre ce programme «relèvent de formes d'expression de l'homophobie, qui renforcent de manière directe les stéréotypes et les préjugés qui en découlent, et conduisent à des crimes de haine, tels qu'on a pu en observer, notamment en Lettonie.»

Les auteurs de la lettre estiment que « le retard pris dans l'adoption de cette modification apporte la preuve du manque de volonté politique pour résoudre le problème de l'intolérance dont sont victimes les personnes homosexuelles, lesquelles –comme l'ont montré les déclarations pleines de haine et d'ignorance qui se sont déchaînées au cours des derniers jours, se trouvent particulièrement vulnérables face aux manifestations de cette intolérance.»

On sait que le comité central du Premier parti de Lettonie a demandé à Oskars Kastens, ministre de l'Intégration (LPP) de ne pas soumettre à l'examen du gouvernement l'amendement proposé au Programme national en faveur de la tolérance et a demandé au Premier ministre de ne statuer sur ledit programme qu'après consultation avec le Conseil des affaires spirituelles.

Le comité central du LPP a en outre demandé au ministre de l'Intégration de «supprimer du programme tout point ou plan d'action prévoyant la propagande et la promotion de l'homosexualité».

Au cours de la semaine passée, en raison de protestations issues d'organisations de la société civile, le gouvernement avait rejeté les modifications qui prévoyaient d'intégrer un nouveau groupe cible dans le Programme national en faveur de la tolérance : les minorités sexuelles.

Par www.delfi.lv (Traduit par Nicolas AUZANNEAU)