Le désengagement volontaire des gouvernements baltes, européens et atlantistes, et russes dans la réalisation d’une coopération pérenne entre leur pays ainsi que la méfiance réciproque, entretiennent l’absence de dynamisme autour de Pskov et de la région historique de Livonie.
Toutes les photographies ont été prises par l’auteure au printemps 2016.
1. Les points de passage entre les Pays baltes et la Russie
On observe dans cette zone frontalière, différents types de points de passage. Certains, peu fréquentés sont réservés aux voitures, tel que le point de passage de Vientuļi/Loubonka (entre Lettonie et Russie) qui a été rénové au printemps 2016. Aux points les plus importants, les files de poids lourds peuvent s’étendre sur des kilomètres et des aménagements sont prévus au bord de la route pour les chauffeurs, par exemple aux points de passage de Grebņeva et de Terehova côté letton. La région est également un carrefour ferroviaire avec plusieurs importantes gares de triage en Russie (Pytalovo et Petchory). Koidula est le point de passage ferroviaire construit en Estonie à côté de Petchory.
La gare de Koidula (Estonie) ouverte en 2011 - © Marianne Paire
2. Matérialisation de la frontière
En dehors du lac Peïpous qui matérialise la moitié de la frontière entre l’Estonie et la Russie, la frontière traverse principalement des forêts et des marécages et n’est marquée par aucun obstacle physique majeur. Entre les États baltes et la Russie, des grillages sont parfois en place. La Russie a installé des bornes verte et rouge surmontées de l’aigle russe sur les segments où la matérialisation n’est pas évidente (orée d’un bois, voie sans issue, route qui traverse la frontière, etc.).
Borne frontalière russe au niveau de la botte de Saatse à la frontière estonienne - © Marianne Paire
3. Surveillance aux frontières
Une patrouille de gardes-frontières estoniens explique: «Nous n'avons aucun contact avec les gardes-frontières russes. Ils nous observent de loin, nous les observons de loin. Ce sont les Russes qui ont tenu à mettre leurs bornes pour délimiter la frontière. Nous n'avons rien de tel.» Leurs paroles pointent la défiance qui caractérisent les relations entre Estoniens et Russes particulièrement en zone frontalière. Toutefois, l’Estonie et la Lettonie sont membres de l’Union européenne et la surveillance de leurs frontières avec la Russie correspond à celle des frontières extérieures communautaires. Les gardes-frontières reçoivent ainsi des formations de la part de l’agence européenne Frontex en plus de leurs obligations nationales.
Patrouille de gardes-frontières estoniens à Vinski (Estonie) - © Marianne Paire
4. La route de la botte de Saatse
La botte de Saatse est une bande de territoire russe qui est traversée par une route reliant Värska et Saatse, deux villages estoniens. Les individus qui l'empruntent le plus sont estoniens mais le territoire est russe. Avant 1991, lorsque l'Estonie était une République socialiste soviétique, les riverains étaient libres de circuler sur cette portion de route. Aujourd'hui ce n'est plus le cas, les restrictions sont importantes. La Russie accepte que les Estoniens traversent la frontière sans visa en empruntant la route et seulement en voiture, et sans s'arrêter.
Lorsque le traité frontalier signé le 18 février 2014 entrera enfin en vigueur, la botte sera cédée à l'Estonie. Cette dernière donnera en retour un territoire équivalent en nombre d'hectares à la Russie.
© Marianne Paire
5. Setomaa
Le «royaume» des Seto est divisé en deux par la frontière russo-estonienne. Les Seto sont orthodoxes et leur centre culturel se trouve aujourd’hui en Russie à Petchory. Côté estonien, le folklore seto est mis en avant pour les touristes étrangers le long d'une route asphaltée, qui fait découvrir les villages de la communauté, tels que Lüübnitsa.
© Marianne Paire
6. Lac Peïpous
Le lac Peïpous sert de frontière naturelle entre l’Estonie et la Russie. Du village seto de Lüübnitsa en Estonie, on aperçoit le village russe de Medli.
© Marianne Paire
7. Statue d'Alexandre Nevski à Pskov
Le prince de Novgorod Alexandre Nevski a combattu l’avancée des Chevaliers Teutoniques en 1242 lors de la bataille du Lac Peïpous. Cet exploit en a fait un héros de la culture russe et a consacré la ville de Pskov comme avant-poste de l’influence russe dans la région. La récente (1993) et immense statue (30 mètres) qui le représente est située sur la colline de Sokolikha, éloignée du vieux Kremlin, dan le respect d’une ancienne loi de la République de Pskov qui prévoyait que toute nouvelle construction ne devait pas masquer la vue de la cathédrale depuis la ville et ses environs.
© Marianne Paire
Vignette : Forteresse de Pskov (Photo libre de droits, pas d'attribution requise).
* Marianne Paire étudiante à l’université Paris 1 Panthéon-Sorbonne.